Pour éviter l’engorgement de leurs serveurs, les hébergeurs français utilisent des filtres logiciels. Leur rôle consiste à interdire le trafic quand les volumes de données deviennent trop importants. Ainsi, chez Easynet, ces filtres sont appliqués à trois endroits du réseau : au niveau des routeurs principaux (pour les hauts débits), sur les commutateurs de réseaux locaux et sur chacun de ces serveurs.
Bien sûr, cette solution n’est pas entièrement satisfaisante, car interdire le transit de données revient à pénaliser à la fois les pirates et les internautes. De plus, l’usage de filtres logiciels n’a pas empêché Yahoo! de subir un déni de service.
“On ne peut pas faire grand-chose contre une attaque distribuée de grande ampleur “, estime le responsable de la sécurité des systèmes et des réseaux chez France Télécom Hébergement. Pour Pierre-Yves Kerembellec, la seule solution consiste à trouver la source de l’attaque et à demander au fournisseur d’accès de lui couper la connexion. “Les propriétaires du backbone, tels ATT ou Worldcom, comptabilisent le trafic circulant sur leur réseau et sont capables de déceler les anomalies. En travaillant ensemble, fournisseurs d’accès et propriétaires du backbone peuvent neutraliser l’attaque “, précise-t-il.
Ce qui intrigue particulièrement les hébergeurs de sites, c’est l’absence de revendication de la part des pirates. En général, ceux-ci n’hésitent pas à vanter leurs exploits. Pour Francenet, il ne peut y avoir que deux explications. Soit les pirates ont découvert une faille dans un matériel ou logiciel utilisé par tous les hébergeurs victimes des attaques, soit la cyberguerre économique a commencé!
Chez Easynet, qui, il y a deux ans encore, n’appliquait aucun filtre, on résume la situation d’une formule : la course entre la cuirasse et le canon. D’un côté, des pirates qui, sans cesse, trouvent de nouvelles techniques ; de lautre, des hébergeurs obligés de remettre en question leurs architectures réseaux et systèmes. Ce qui, toujours selon la société, explique la concentration du secteur. Seuls les plus forts survivront, en quelque sorte.
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