Invoquant des ” divergences fondamentales d’interprétation ” concernant l’accord-cadre de coopération (CFA) passé entre le président du directoire de MobilCom, Gerhard Schmid d’un côté, et France Télécom et Orange de l’autre, l’opérateur français a affirmé qu’il se réservait “ le droit de poser la question de cette interprétation devant les tribunaux “.
Il a également déclaré ne pas avoir l’intention de poursuivre les discussions concernant le business plan de MobilCom, notamment sur l’investissement de 2,5 milliards d’euros dans un nouveau réseau en Allemagne, avant qu’un accord intervienne sur l’interprétation du CFA.Selon une source française, cet accord-cadre stipulerait qu’en cas de désaccord sur le business plan, une étape de conciliation devrait avoir lieu. Faute d’une entente après cette deuxième étape, ” c’est le business plan de France Télécom qui devra s’appliquer “, ajoute-t-on de même source.France Télécom, qui détient 28,5 % de MobilCom au travers sa filiale de téléphonie mobile Orange, est en conflit ouvert avec l’opérateur allemand sur le financement de l’UMTS depuis la mi-février.Le groupe français a également confirmé avoir demandé, avec sa filiale Orange, l’ouverture d’une enquête indépendante concernant l’acquisition d’actions MobilCom par Sybille Schmid-Sindran, épouse du président du directoire opérateur allemand.Selon le Financial Times de jeudi, France Télécom soupçonne que des transferts de fonds ont été opérés entre une filiale de MobilCom et la société Millenium, détenue par Sybille Schmid-Sindran, ce qui lui auraient permis d’acquérir une participation de 5,5 % chez l’opérateur allemand.MobilCom, qui a annoncé avoir commandé un audit indépendant sur ce dossier, avait argué jeudi matin que les 3,6 millions d’actions détenues par Millenium étaient destinées à un programme de stocks-option à destination du réseau des vendeurs d’abonnements à MobilCom.Dans son communiqué, France Télécom demande que les conclusions de l’enquête concernant ces acquisitions soient connues d’ici le 7 mars, date du prochain conseil de surveillance de MobilCom.
Garantie d’un crédit relais ?
Un porte-parole de MobilCom, cinquième opérateur de téléphonie mobile en Allemagne, a déclaré de son côté que le groupe disposait d’un crédit relais de 4,7 milliards d’euros portant la garantie de France Télécom. Ce crédit relais, qui court jusqu’en juin 2002, a servi à payer une partie de la licence UMTS d’un montant de 8,3 milliards d’euros obtenue par MobilCom en Allemagne, a-t-il précisé.Des sources bancaires proches du dossier ont remis en cause cette annonce de MobilCom, expliquant qu’il n’existait pas de garantie explicite provenant du groupe français.Des analystes, soulignant la confusion autour de cette affaire, ont identifié le prêt comme l’un des nombreux engagements liés aux participations de France Télécom dans MobilCom et dans le câblo-opérateur NTL qui pourraient affecter négativement la qualité de son crédit.L’agence de notation Standard & Poor’s avait jugé le 5 février que l’exposition à MobilCom constituait un risque pour l’opérateur français et qu’il devrait continuer à s’atteler à diminuer sa dette de près de 65 milliards d’euros, mais avait maintenu sa notation BBB+. Moody’s Investors Service, dont la notation sur France Télécom est de Baa1, avait également mentionné MobilCom lorsqu’il avait abaissé sa perspective de notation à ” négative “.Malgré la tournure qu’ont pris les relations entre les deux partenaires, le directeur général d’Orange, Jean-François Pontal, a déclaré à Reuters (au salon 3GSM de Cannes) que l’investissement dans l’opérateur allemand restait stratégique pour Orange, réaffirmant qu’il n’était pas question d’y renoncer.” Si la réglementation change, on sera bien sûr intéressé par une consolidation. Nous voulons être l’un des trois ou quatre opérateurs et cela se fera à travers MobilCom “, dont Orange, a observé Jean-François Pontal.
Le titre de France Télécom se reprend
Le titre France Télécom s’est adjugé 5,44 % à 29,83 euros à la Bourse de Paris (+3,92 %) à comparer à son bas de clôture de 28,10 euros touché le 11 septembre. Orange a regagné 4,05 % à 6,68 euros.Pendant ce temps, MobilCom qui a perdu environ la moitié de sa valeur depuis début février, a poursuivi sa descente aux enfers avec un nouveau recul de 6,19% à 11,82 euros à Francfort.Gerhard Schmid, qui détient 40 % du capital de MobilCom, avait déclaré le 31 janvier qu’il aurait besoin dans les prochaines années de 11,43 milliards d’euros pour sa politique UMTS, et a accusé la semaine dernière le groupe français de le forcer à limiter ses investissements dans ce domaine.” France Télécom avait quelques centaines de millions d’euros en tête, alors que Gerhard Schmid semblait plutôt envisager quelques milliards “, a-t-on souligné de sources industrielles.Mais faute d’un accord, France Télécom pourrait être contraint de racheter l’opérateur allemand et de consolider ainsi dans ses comptes une dette évaluée, selon les analystes, entre sept et dix milliards d’euros, ce qui viendrait gonfler un fardeau déjà extrêmement lourd pour France Télécom.De sources industrielles, on chiffrait récemment le risque maximum de France Télécom sur MobilCom entre cinq et six milliards d’euros, faute de règlement du conflit.France Télécom dispose d’une option pour prendre le contrôle de MobilCom à compter de 2003.En principe, Gerhard Schmid peut forcer le groupe français à reprendre sa part en cas de désaccord stratégique, par exemple sur la mise en ?”uvre de la politique UMTS, avant cette date. L’opération nécessiterait alors un arbitrage indépendant.En revanche, si France Télécom n’exerce pas son option, il risque de devoir constater dans ses comptes une dépréciation de son investissement de 3,7 milliards d’euros dans MobilCom.
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