Globalisation oblige, les entreprises hexagonales confient les tâches de conception et de production à des bureaux d’études ou à des sous-traitants, parfois situés à l’autre bout du monde ! Pas question pour autant de perdre le contrôle sur les caractéristiques et sur la qualité du produit.Dès lors, adopter la conception collaborative via Internet et, plus généralement, la gestion collaborative du cycle de vie, élimine les coûts de déplacement et fait gagner du temps. “Moins coûteuse, la gestion collaborative du cycle de vie est pratiquée plus souvent”, résume Denis Debaecker, directeur de la ligne d’activité PLM de PEA Consulting. Les technologies ad hoc ne sont toutefois apparues qu’au cours des deux dernières années, développées par des spécialistes de la CAO, de la gestion de données techniques ou de la gestion du cycle de vie.Mises en ?”uvre par un donneur d’ordre ou une place de marché, ces technologies recouvrent principalement la CAO collaborative et le partage des données techniques et des documents associés.Des acteurs comme CoCreate, PTC ou Dassault Systèmes visent une offre globale, tandis que SAP, MatrixOne ou Oracle s’adressent à des partenaires pour la partie CAO. Quant à Centric Software, son offre couvre, certes, toutes les fonctions, mais souvent de façon allégée, car il préfère chapeauter les outils existants.Au sein des entreprises, les outils de PDM permettent, depuis des années, de partager des descriptions et des nomenclatures de produits. On accède ainsi à des données techniques organisées en arborescence, sur lesquelles il s’agit de gérer les modifications selon les intervenants, éventuellement via un workflow ou un système de notification. Le but est de concevoir un produit et d’adapter simultanément l’outil de production. Or, la problématique est identique lorsque l’entreprise dialogue avec un bureau d’études ou avec le sous-traitant qui assurera la fabrication. Seul problème : ce partenaire n’a pas forcément le même PDM que son donneur d’ordre.
Quelles solutions si le partenaire et le donneur d’ordre n’ont pas le même PDM ?
Une première solution est d’offrir un accès Web au PDM interne, en gérant finement les droits d’accès à telle ou telle portion du référentiel. Mais certains logiciels peuvent s’adapter en convertissant ces données dans le format du PDM de l’entreprise partenaire. “Cette architecture prend le relais d’une méthode fruste, qui consistait à envoyer des fichiers via la messagerie”, explique Bernard Conti, responsable avant-vente chez MatrixOne.Une autre approche consiste à mettre en ?”uvre un PDM commun mais allégé. Doté de fonctions d’importation et d’exportation, il sera indépendant de ceux des sociétés impliquées dans le projet. On accède ainsi à des modèles 3D, sur lesquels il s’agit de travailler de concert, en temps réel. Ce concept, qui recouvre celui de maquette numérique et de plateau virtuel, nécessite des outils de CAO collaborative. Un module client prend la forme d’un code exécutable classique ou d’une applet Java, téléchargé par l’autre partenaire. Chacun envoie ensuite son modèle 3D respectif, vers un serveur gérant les sessions collaboratives. Ce qui, d’ailleurs, peut poser quelques problèmes de débit ! L’applet d’Enovia 3D atteint, en effet, 10 Mo, et les modèles 3D pèsent des centaines de mégaoctets ! “Ces modèles peuvent être transmis en temps différé. En outre, ils transiteront de plus en plus par des réseaux dédiés à la conception collaborative, tel ENX dans l’automobile”, affirme Jean-Pierre Merx, responsable du développement des ventes Enovia au sein de Dassault Systèmes.
Travailler ensemble et en temps réel sur un modèle 3D
Lorsque la même solution de CAO est déployée de part et d’autre, certains produits, comme PTC ProjectLink, permettent d’effectuer directement des modifications sur le modèle 3D. Mais une telle homogénéité n’existe guère que lorsqu’elle peut être imposée par un gros donneur d’ordre, dans l’automobile ou l’aéronautique. Dans le cas ?” le plus fréquent ?” où les outils sont hétérogènes, la plupart des solutions se bornent à afficher sous tous les angles, dans un format neutre, des modèles 3D conçus dans des outils disparates et sous différents formats. Il est possible d’ajouter des remarques et des annotations.De par leurs contraintes organisationnelles, la plupart des entreprises se contenteront de réaliser en différé les modifications sur les modèles 3D originaux. Toutefois, CoCreate propose une solution permettant de modifier en temps réel des modèles 3D hétérogènes, dans leurs formats natifs.“Quand cette aptitude est nécessaire, nous nous associons à CoCreate, qui est le seul à la proposer. Sinon, nous intégrons l’outil d’EDS”, explique d’ailleurs Sauveur Cannamela, directeur des solutions PLM de SAP.En amont et en aval de la CAO et du PDM, la gestion collaborative du cycle de vie requiert une vaste palette de fonctions complémentaires. La gestion de projets est l’une des plus importantes, sans toutefois être très spécifique à ce monde. Au point que les SAP, Oracle ou PTC comparent leurs outils à un Microsoft Project, qu’ils savent en outre intégrer. Il est toutefois nécessaire de tirer un lien vers les PDM, afin de spécifier, par exemple, les objets associés à chaque projet.
Des composants prêts à l’emploi mis en ligne
Autre module incontournable, la conférence virtuelle est, là encore, assez banale. D’ailleurs, plusieurs éditeurs ne font qu’intégrer le produit Webex. En revanche, certaines fonctions sont très spécifiques. Il s’agit, par exemple, de la conception collaborative à la demande de produits semi-personnalisés, ou encore, de la mise en ligne de composants prêts à l’emploi, avec support de protocoles basés sur XML, afin d’appliquer des requêtes à plusieurs catalogues. “Compte tenu du nombre et de la complexité des composants, un outil généraliste ne suffit pas”, déclare Guy Ladan, responsable Windchill chez PTC.Au final, les solutions constituent de véritables plates-formes intégrant des outils tiers, et potentiellement ouvertes sur d’autres. À titre d’exemple, la place de marché Covisint, qui cible le monde de l’automobile, associe certains modules d’e-Matrix, de MatrixOne, ainsi que l’outil e-VIS, d’EDS.
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