Lancé en toute discrétion en France et en Espagne il y a deux semaines, TikTok Lite a rapidement braqué tous les regards. D’abord ceux des utilisateurs : non seulement l’application se présente comme une version « allégée » du réseau social (moins lourde à télécharger, elle consomme aussi moins d’énergie), mais surtout elle récompense les utilisateurs à grand coup de piécettes virtuelles. Des points que l’on peut ensuite convertir en cartes Amazon ou en cadeaux pour les créateurs.
Bruxelles à l’affût
On peut cumuler des points en regardant des vidéos, mais aussi en effectuant toutes sortes de tâches, comme une connexion quotidienne (il faut bien penser à réclamer ses pièces chaque jour avant minuit, au risque de tout perdre), s’abonner à de nouveaux comptes, il y a aussi un programme de parrainage pour multiplier les piécettes. Il faut être très actif pour espérer gratter un petit quelque chose dans l’app : 25 minutes de vidéos permettent de collecter 4 200 pièces, soit 42 centimes. En bref, TikTok Lite rémunère l’addiction et c’est bien ce qui pose problème.
Lire TikTok Lite rémunère les utilisateurs pour regarder des vidéos et ça pose problème
Marina Ferrari, la secrétaire d’État chargée du numérique, s’était publiquement interrogée sur ce mécanisme de rémunération proportionné au temps de visionnage. Et d’en appeler à la Commission européenne pour vérifier si TikTok Lite n’enfreint pas des dispositions du DSA, le règlement sur les services numériques. L’exécutif européen a répondu présent.
La Commission veut en savoir plus sur « l’impact potentiel du nouveau programme de récompenses sur la protection des mineurs et la santé mentale des utilisateurs, en particulier en ce qui concerne la stimulation potentielle du comportement addictif ». L’inquiétude porte aussi sur les utilisateurs mineurs : le programme est certes réservé aux plus de 18 ans, mais des méthodes de contournement risquent d’être mises en place assez rapidement.
TikTok va devoir communiquer une « évaluation des risques » et répondre à une liste de questions. Il ne s’agit pas d’une enquête à proprement parler, plus d’une prise de contact avec Bytedance au sujet de cette nouvelle application. Mais rien ne dit que les réponses du groupe ne déboucheront pas sur une procédure formelle.
Mise à jour 22/04 — La Commission européenne a confirmé la procédure formelle envers TikTok et son application TikTok Lite, dans le cadre du DSA. Le réseau social a jusqu’à demain pour soumettre son étude de risques — obligatoire pour les très grandes plateformes en ligne —, et jusqu’au 3 mai pour fournir les autres informations requises par l’exécutif européen. C’est la deuxième procédure envers TikTok, la première remontant à février dernier. Elle s’intéresse aux mesures prises par l’entreprise pour la protection des mineurs, la transparence de la publicité, l’accès des données aux chercheurs ainsi que les risques liés à l’addiction et aux contenus violents.
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Source : AFP