Au micro de France Inter ce matin, puis lors d’une conférence de presse à midi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a défendu le nouveau texte de loi antiterroriste qui a été présenté aujourd’hui en Conseil des ministres. La pérennisation de la traque algorithmique est particulièrement importante à ses yeux, car elle permettrait de détecter les personnes « qui ne sont connues par aucun service » et qui se radicalisent « en quelques heures ou en quelques jours ».
Ce dispositif de cybersurveillance est opérationnel depuis 2017 à titre expérimental et aurait déjà fait ses preuves. Ainsi, sur les 35 attentats déjoués depuis 2017 – 36 selon le Premier ministre Jean Castex — deux l’auraient été « grâce aux traces numériques ». Or, jusqu’à présent, seules les données téléphoniques étaient exploitées. Ainsi, le terroriste de la Basilique de Nice « a passé trois semaines sur le sol européen avec son téléphone sans jamais utiliser sa ligne téléphonique ni envoyer de SMS. Il utilisait Facebook et Messenger », explique Gérald Darmanin, qui souligne que « les terroristes ont changé leur façon de communiquer ».
Des signalements automatiques, mais anonymisés
Pour combler ce trou dans la raquette, le gouvernement veut renforcer la surveillance numérique et détecter les suspects à partir des ressources consultées sur Internet. L’idée, en particulier, est de collecter en masse les URL des internautes. Ainsi, « si quelqu’un regarde trois ou quatre fois une vidéo de décapitation de Daesch, on aura un signalement », souligne le ministre de l’Intérieur. Ce signalement sera anonyme et la DGSI ne pourra accéder à l’identité de l’internaute qu’après l’avis positif du ministère de l’Intérieur, du Premier ministre et du Conseil national de contrôle des techniques de renseignement (CNTR). Selon le ministre, il s’agirait finalement que « d’appliquer à Internet ce que nous appliquons au téléphone ».
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Le gouvernement n’a pas non plus perdu de vue les messageries chiffrées qui, évidemment, rendent les enquêtes particulièrement difficiles dans ce domaine. « Nous discutons avec les grands majors d’Internet. Nous leur disons : “Laissez-nous rentrer, laisser nous faire des failles de sécurité”. Certains l’acceptent, d’autres ne l’acceptent pas. Il faudra sans doute une loi pour contraindre. Les services étrangers y arrivent », a aussi expliqué Gérald Darmanin.
Source : France Inter
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