1983. La guerre froide est encore chaude, Wargames sort sur les écrans, la CIA a des budgets colossaux pour lutter contre l’ennemi du moment, le Communiste au couteau entre les dents. Bien avant les bots IRC et avant qu’on parle de machine learning, l’agence américaine de renseignement tentait de muscler et d’automatiser les interrogatoires en recourant à une intelligence artificielle rudimentaire, répondant au doux nom d’Analiza.
C’est ce que révèle le site Web du magazine Vice citant des documents datés de 1983 et intitulés : « Interrogatoire d’un prétendu agent de la CIA ». Ces interrogatoires expérimentaux, menés sur au moins un agent de l’agence, nommé Joe Hardesty, démontrent au moins une chose : Analiza n’était pas encore au point.
Extraits :
Les réponses de l’intelligence artificielle manquent de précision et donnent l’impression qu’elles sont tirées aléatoirement dans un ensemble prédéfini. Pour autant, d’après le document, cette expérience reposait sur un algorithme d’apprentissage basique, qui stockait les réponses de la personne interrogée et essayait d’affiner ses réactions en fonction de ces dernières et d’une base d’éléments préétablis.
L’objectif de l’intelligence artificielle était d’estimer les tendances de Joe Hardesty à se sentir menacé, à être hostile, à interroger, à se montrer compréhensif et à poser des questions en fonction de tout cela. La CIA était persuadée à l’époque qu’un ordinateur pourrait « s’adapter, poursuivre différents objectifs, modifier son comportement et celui d’autres ordinateurs » et enfin « être capable d’abstraction ».
Analiza était une première tentative, destinée à évaluer et parfaire l’entraînement d’agents avant qu’ils ne soient envoyés sur le terrain. Les moyens de l’époque n’étaient peut-être pas suffisants, mais les progrès effectués depuis sont importants. Eugene Goostman, un supercalculateur a réussi, par la ruse -et de manière contestée- à passer le test de Turing en juin dernier. Ce dernier consiste, au cours d’un dialogue, à faire croire à des interrogateurs humains qu’ils ont à faire à un humain et non une machine.
Peut-être qu’entre deux tortures atroces, les prisonniers de Guantanamo sont désormais interrogés par un ordinateur, souriant, calme et très professionnel, petit-fils d’Analiza…
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Source :
Vice
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