On l’attendait depuis des mois, c’est fait. La Chine a dégainé son arme des « terres rares », dans la guerre commerciale qui l’oppose aux États-Unis. Et cela pourrait aussi avoir des conséquences sur notre industrie. En représailles aux droits de douane de Donald Trump plus que salés (145 %) appliqués depuis le 2 avril dernier aux produits chinois, Pékin a suspendu ses exportations de « terres rares », un groupe spécifique de « métaux rares » produits en très faible quantité.
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Cette décision n’a pas fini d’inquiéter les industries de l’automobile, des semi-conducteurs et de l’aérospatiale américaines, mais aussi européennes… Car la mesure ne se limite pas aux exportations américaines. Elle s’applique au monde entier.
La Chine est le premier exportateur mondial de terres rares comme le lanthane, cérium, samarium, gadolinium, yttrium, néodyme, prométhium, praséodyme, erbium… – il en existe 17. Ces composants sont indispensables à la fabrication de semi-conducteurs, de matériel de défense (drones, robot, missiles), de l’aérospatial, des moteurs, des voitures, des serveurs d’IA, des éoliennes et des smartphones… Sans ces derniers, les usines du monde entier pourraient être tout simplement à l’arrêt forcé. La majorité de ces métaux sont extraits et surtout raffinés en Chine, ce qui donne au pays un pouvoir considérable qu’elle a déjà utilisé pour faire plier le Japon en 2010.
Les exportations de sept terres rares totalement bloquées
Cette année-là, Pékin avait imposé un embargo de sept semaines sur les exportations de terres rares vers Tokyo, en raison d’un conflit territorial. Et aujourd’hui dans de nombreux ports chinois, l’histoire pourrait se répéter, relate le New York Times, lundi 14 avril. Les expéditions de sept terres rares (samarium, gadolinium, terbium, dysprosium, lutécium, scandium et yttrium) attendent désormais le feu vert des autorités chinoises, rapporte Asia Financial, le même jour.
Et cela pourrait prendre du temps – des semaines, voire des mois – car Pékin compte mettre en place un nouveau système d’autorisation, similaire aux systèmes de contrôle aux exportations américain. De quoi entraver la livraison de ces matériaux à certaines entreprises américaines. Les autres pays sont aussi visés, y compris l’Europe.
Et les futures autorisations pourraient n’être données qu’aux comptes gouttes. Le ministère chinois du Commerce a déjà interdit aux entreprises chinoises de traiter avec une liste de plus en plus longue de sociétés américaines, en particulier les prestataires militaires. Selon un fournisseur de produits chimiques basé à Los Angeles, et interrogé par le New York Times, il faudrait 45 jours avant que les licences d’exportation puissent être délivrées et que les exportations de terres rares puissent reprendre.
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D’autres avancent un minimum de 60 jours. Si des entreprises ont pris le devant en stockant depuis des mois leurs réserves de terres rares, beaucoup ne l’ont pas fait. Sollicité par nos confrères du quotidien américain, Daniel Pickard, président du comité consultatif sur les minéraux critiques américain, estime que les interdictions d’exportation imposées par la Chine pourraient « avoir de graves conséquences pour les États-Unis ».
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