Nicolas Sarkozy a créé [lorsqu’il était au gouvernement, NDLR] une délégation générale de l’intelligence économique, dirigée par François Asselineau et directement rattachée à son cabinet. Une structure de
plus, dira-t-on, après celle patronnée par Alain Juillet, haut fonctionnaire à l’intelligence économique et ancien de la DGSE, et qui est censée coordonner les autres.Son rôle : mettre sur pied une veille concurrentielle sur les nations et anticiper les ‘ événements contraires aux intérêts de la France ‘. Mais ces faits à surveiller naissent souvent en
Asie, dont l’un des grands spécialistes est… François Asselineau !Quant aux idées évoquées plus haut, elles pourraient se résumer ainsi : que se passe-t-il vraiment en Chine, dont la croissance économique est de + 9 % en 2003, après un + 8 % en 2002 ? La société de
conseil McKinsey propose quelques points de repères très intéressants dans la dernière parution de sa revue trimestrielle**.Passons rapidement sur les atouts de la Chine, ses forces historiques ?” 25 % de l’acier mondial, 50 % du ciment de la planète ?”, ou plus récentes ?” deux millions de diplômés de
l’université chaque année. Quelques chiffres situent bien la place industrielle du géant dans le monde : il fabrique 75 % des jouets vendus sur la planète, 58 % des vêtements et 29 % des téléphones mobiles.La Chine sera le troisième exportateur mondial avant 2008 et son économie dépassera sans doute celle de la France ou de la Grande-Bretagne avant la fin de la décennie. La machine est en route. Le débat classique sur les délocalisations
et l’externalisation paraît déjà hors de propos.A l’évidence, un nouveau paysage mondial se dessine, avec des spécialisations par pays, une sorte de taylorisme appliqué aux nations. La vraie question est donc : dans le nouveau paysage, à l’avènement inéluctable,
quelle est la place que veulent occuper les entreprises européennes ?L’automobile peut donner une réponse. Selon McKinsey, la partie mécanique et châssis va passer de 37 % des coûts de fabrication en 2002 à 32 % en 2015, le moteur de 28 à 24 %, et l’intérieur (notamment
l’électronique) de 35 à 44 %. C’est en analysant ces évolutions que les grandes marques peuvent imaginer une politique de sourcing efficace et se focaliser sur leur valeur ajoutée.Par exemple, il est plus économique, pour l’instant, de fabriquer le bloc-moteur à proximité. Ou encore, ce n’est pas en Chine ni en Inde qu’il faut construire le ventilateur en plastique ?” malgré un prix
de revient de quelques dollars ?”, mais au Mexique, à cause de la différence en coûts de transport et d’installation de relations d’affaires. Mais cette règle-là ne vaut que pour dix ans maximum !Bref, il faut avoir à sa disposition de nombreuses informations pour pouvoir prendre de bonnes décisions sur le long terme et changer d’orientation au bon moment. Et ces informations ne peuvent venir que de l’intelligence
économique, qui est elle-même une grosse machinerie informatique : ‘ Nous sommes en train de passer d’une économie de la demande à une économie de la connaissance ‘, nous dit Alain Juillet.Il serait temps d’en prendre conscience. Notamment en créant des réseaux pour les PME qui n’auraient pas les moyens d’organiser leur propre veille économique, à condition qu’elles acceptent de partager leurs
informations.Informatique et information, comme toujours ! La valeur ajoutée qui ressort de ce couple peut d’ailleurs devenir le véritable indicateur de compétitivité des entreprises au niveau mondial et de positionnement des pays sur le
nouvel échiquier du taylorisme.* Directeur de la rédaction de 01 DSI
** ‘ China Today ‘, The McKinsey Quaterly
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