Vous n’avez aucune envie de jouer avec le nouveau GPU des Chinois d’Innosilicon, et pourtant la Fantasy II, seconde puce de cette entreprise basée dans huit villes chinoises, est importante. Avec un débit de pixels de 48 Gpixels/s, cette puce s’intercale en puissance en les vieilles Geforce GTX 1630 et 1650 de Nvidia, des cartes d’entrée de gamme de 2019 – et avec des drivers sans nul doute bien moins performants dans les jeux. Sauf que la puce chinoise a de nombreux atouts au-delà du gaming. Déjà en matière de rendement énergétique. Face aux 75W des cartes de Nvidia, la Fantasy consomme entre 4W et 15W sur une carte PCIe 8x dédiée. Pas besoin donc d’alimentation externe.
Mais c’est surtout en matière de souveraineté qu’elle est capitale. Elle prend en charge toutes les distributions Linux locales, utilisées dans les administrations de l’Empire du Milieu – CentOS, Kirin, KylinOS, Tongxin, UOS et même Ubuntu. Mais fait plus rare, elle prend aussi en charge les CPU chinois « souverains », les Loongson, Huawei Kunpeng, Hygon Dhyana, Shenwei (Sunway) et autres Zhaoxin Feiteng. Et même un système de sécurité et d’authentification du flux généré par le GPU (PUF pour Physical Unclonable Function) conçu autour d’un cœur RISC V maison. Le tout, sans faire l’impasse sur les technologies nécessaires à tout GPU moderne telles que DirectX, Vulkan, OpenGL, OpenCL, et même OpenGL ES. La mention de Direct X validant les affirmations de l’entreprise de l’arrivée très prochaine de drivers Windows.
InnoSilicon n’a pas donné d’information quant à la nature de la technologie GPU, mais comme le relève Tom’s Hardware, la précédente génération était basée sur Power VR, propriété intellectuelle d’Imagination Tech. Une technologie très réputée pour son excellent rapport performances/watts.
L’intérêt de cette puce chinoise, c’est son caractère presque souverain. Le « presque » représentant ici la licence PowerVR britannique, un « détail » que les Chinois pourraient oublier en cas de conflit avec les USA. Des USA qui ont pour l’heure la mainmise sur tous les GPU majeurs : de Nvidia à AMD jusqu’à Intel, cette industrie est écrasée par les acteurs américains. Une puissance qui n’a pas hésité à priver certains champions chinois, comme Huawei, de technologies nécessaires à son développement.
Visant les PC au format tour et bureautiques, le Fantasy II ne fait rêver aucun gamer de la planète, mais donne à réfléchir. Ce n’est pas le seul GPU « souverain » de la Chine, Jingjia Micro, fournisseur de composants électroniques militaires, a développé des GPU haute puissance (équivalent à une GTX1080). La Chine dispose donc de deux acteurs locaux de GPU. Et continue ainsi sa route vers l’indépendance technologique.
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Source : Tom’s Hardware