Depuis notre dernier article, en décembre dernier, sur les tensions salariales chez Comdirect France, la situation n’a guère évoluée. La grève des salariés se poursuit, et le comité d’entreprise refuse toujours de donner un avis sur la cession tant que ce dernier ” n’aura pas consulté les documents permettant de se forger une opinion “, explique un responsable syndical.Pour bien comprendre la situation, il faut remonter à l’automne dernier, quand Comdirect, filiale de l’allemand Commerzbank, décide de se séparer de ses filiales françaises et italiennes qui ont représentées 88 % de ses pertes en 2001. L’opération paraît alors banale.Mais pas pour les employés. En décembre 2001, ils décident en majorité de faire grève, en dénonçant le manque de communication sur la cession. “
Les dirigeants refusent de nous consulter et cherchent à nous imposer un repreneur. Et de notre côté, nous ne pouvons pas donner notre avis sur l’opération, comme la loi l’exige, dans la mesure où ils refusent de nous donner les documents comptables nécessaires.“Et voilà comment le rachat de Comdirect par ProCapital est aujourd’hui bloqué…
Discussions par tribunal interposé
La situation n’ayant pas évoluée, la direction de Comdirect France a obtenu en référé au tribunal de grande instance de Paris que le comité d’entreprise se réunisse pour donner son avis. Quel que soit cet avis, la vente sera ainsi rendue possible. Seulement, précise un délégué syndical : ” Le tribunal demande aussi que les dirigeants nous fournissent certains documents. Si ce n’est pas le cas, nous ne serons toujours pas en mesure de donner un avis ! “Mais pourquoi une telle attitude de blocage de la part des syndicats ? ” Je ne comprends pas “, répond Jacques Charpentier, président de Comdirect France. ” Les discussions sont bien avancées avec ProCapital, mais il manque encore l’avis du CE. Heureusement, l’ordonnance du TGI va permettre d’arranger rapidement la situation. En outre, il n’y a plus qu’un tiers des salariés qui poursuivent la grève “. Côté syndicat, on décompte encore au moins une vingtaine de grévistes sur les 58 employés.
Reprise du cash ou reprise tout court
A l’intersyndicale de Comdirect France, on craint en fait une ” liquidation déguisée ” de la société une fois l’opération effectuée. ” ProCapital va débourser 2,5 millions d’euros pour mettre la main sur les 15 millions d’euros de trésorerie, ce n’est tout de même pas logique ! “ Il est vrai qu’avec 18 millions d’euros de perte, selon nos renseignements, Comdirect ne semble pas viable.” C’est un dossier pourri “, affirme même le dirigeant d’un des courtiers consultés pour la reprise de Comdirect France. ” La qualité du dossier est épouvantable. On ne pouvait rien en tirer, même avec beaucoup d’imagination “, ajoute-t-il.” Alors c’est qu’il en manque, lui répond Laurent Bouyoux, président de ProCapital. Nous avons présenté notre projet aux salariés, et nous leur avons bien indiqué que nous nous engagions à reprendre l’intégralité des équipes. Il n’y a pas d’ambiguïtés là dessus. “” La seule garantie que nous avons eue était affichée sur un slide, s’inquiète le responsable de l’intersyndicale, bien décidé à bloquer la vente. Comdirect France dépense entre 1,5 et 2 millions d’euros par mois en frais de fonctionnement incompressibles. Je ne crois pas quils aient intérêt à persister dans cette voie. “Laurent Bouyoux et Jacques Charpentier ont quant à eux entière confiance dans la décision du TGI, qui, selon eux, permettra de signer la vente fin mars. La réponse passera-t-elle par les tribunaux ?
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