C’est l’idée qui doit donner un coup de pouce au téléchargement légal, la carte musique jeune. Proposée par la mission Zelnik, poussée par le président de la République, promise pour la fête de la musique de juin 2010 par le ministre de la Culture, puis contestée, raillée, mise en suspens, elle est finalement mise en place ce jeudi 28 octobre 2010, après la publication du décret. Elle dispose de son propre site Internet.
Cette carte d’achat (qui est en fait une carte virtuelle) permet aux 12-25 ans d’acheter de la musique légale sur Internet à moitié prix. Elle existe en trois versions : 5 euros, 10 euros et 25 euros. Dans tous les cas, l’internaute peut acheter une quantité de musique équivalente au double du prix, la différence étant subventionnée par l’Etat.
L’utilisateur peut se servir d’une même carte sur tous les services légaux, qu’il s’agisse de streaming ou de téléchargement. Ce que le site de la carte résume ainsi : « Elle permet de panacher les offres de plusieurs plates-formes ou formules différentes. Par exemple, un abonnement à dix euros sur une plate-forme de streaming ainsi que deux souscriptions à des formules de téléchargement à vingt euros chacune coûteront vingt-cinq euros au lieu de cinquante. »
C’est sur ce même site que l’internaute doit créer sa carte. Celle-ci est en fait un compte personnel que l’on crédite. Le titulaire reçoit ensuite par e-mail un code à utiliser sur les sites de musique partenaires de l’opération. Parmi eux, on trouve donc Apple pour l’iTunes Music Store, Deezer, Starzik, MusicMe, VirginMega, AmazonMP3, Qobuz. La création de la carte peut aussi se faire sur certaines de ces plates-formes (comme MusicMe), mais l’internaute est renvoyé sur le site gouvernemental, car c’est lui qui génère le code, pas les sites de musique.
Ces derniers sont libres de concevoir comme ils l’entendent leurs offres commerciales. VirginMega est resté on ne peut plus basique, avec des formules à 5,10 et 25 euros donnant droit au double. Mais Starzik a décidé de concevoir une nouvelle offre intégrant la carte musique, Jackpotstarzik. S’il est muni de la carte à 25 euros, l’internaute peut acheter 60 euros de musique, et non 50. Qobuz a conçu trois offres mêlant téléchargement et streaming. MusicMe annonce aussi trois nouvelles formules. Du téléchargement à moitié prix, donc, mais aussi de l’écoute illimitée pendant un mois pour 25 euros et le téléchargement de dix albums pour 25 euros, sur une sélection de 300 albums à 5 euros (David Guetta, Interpol, Diams, Daft Punk, Cali, Arno, Air…).
Publicités en « parler jeune »
Quoiqu’il en soit, le système de la carte musique n’est pas un sésame pour télécharger de la musique à moitié prix à vie. Il sera en vigueur pendant deux ans et un million de cartes seront émises chaque année. De plus, un utilisateur ne pourra pas créditer sa carte de plus 25 euros. Autrement dit, il ne peut acheter qu’une fois par an la valeur maximum proposée.
L’Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI) a publié un communiqué pour saluer l’entrée en vigueur du mécanisme. Elle estime que cela créera un « cercle vertueux en encourageant la consommation légale de musique sur les réseaux numériques en lieu et place des échanges illicites ». Il reste que l’UPFI trouve le gouvernement un peu trop timide dans ses aides à la filière musicale et pense que la seule carte musique ne suffira pas à tout régler.
C’est aussi, entre les lignes, l’esprit du communiqué de la Sacem. La société de répartition espère voir dans cette carte musique « une contribution significative au développement d’un marché numérique encore balbutiant ». Mais elle y voit surtout « une étape », et rappelle que cette initiative est le « premier dispositif issu du rapport création et Internet [la mission Zelnik, NDLR] ». Sous-entendu : à quand la suite ?
En attendant, tout le monde peut se délecter des publicités vantant les mérites de la carte. Nous ne serions pas étonnés que l’équipe qui les a réalisées soit la même que celle en charge du blog du gouvernement conçu avec Skyrock. Le « parler jeune » semble être de mise…
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