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La carte du haut débit… ou l’insupportable retard français

Un nouvel outil a fait son apparition sur le web avec l’Observatoire France Très haut débit. Objectif : montrer quels sont les logements raccordés à l’ADSL, au câble ou à la fibre. Résultat : rageant.

J’hésite entre génial et insupportable. Génial, parce que l’idée l’est indiscutablement : pouvoir consatater de ses yeux le déploiement du haut et très haut débit en parcourant la carte de France…  il faut bien reconnaître que cette vision d’ensemble manquait. Génial aussi d’avoir pensé à toute la France au complet avec ses Dom et Tom.

L’outil de navigation, en lui-même, est pas mal fait. La techno derrière, c’est Google Maps, ce qui aide. Mais si vous voulez vraiment l’apprécier… et bien il vous faut avoir une bonne connexion ! Une évidence ? Je dirais un comble ! Et, ne riez pas, depuis que j’ai vu cette carte, je me sens moins seule.

Vous connaissez l’histoire du cordonnier le plus mal chaussé… Et bien, moi qui vous parle de haut débit depuis des années avec passion et conviction, j’ai une connexion fébrile à la maison. C’est comme ça. On peut s’évertuer à choisir le meilleur opérateur au monde, parfois rien n’y fait. Quand l’ADSL passe mal, ça passe mal. Et quand la fibre se fait attendre, et bien on attend… 

100 Mbits/s dans ma rue, mais pas chez moi

Je suis sûre que plein d’internautes se reconnaîtront dans cette histoire. Donc, là, chez moi, j’essaie d’ouvrir cette carte… et je rame, mais alors quelque chose de terrifiant. J’ai juste envie de partir sur un autre onglet. Mais je résiste. Je tape le nom de ma ville. J’attends. Magique, elle s’affiche enfin. Et en rouge : bing, dans ma rue, j’ai du 100 mbits/s !

Autrement dit, je suis là à surfer à 5 mégabits quand tout va bien, pendant que mon quartier frime en rouge carmin sur l’Observatoire du très haut débit… J’en déduis que pour les hautes instances, le déploiement du très haut débit chez moi n’est plus un problème. Affaire classée, circulez y a rien à voir !

Changer de FAI ?

D’aucuns diront que je ferais mieux d’en déduire que je n’ai pas le bon FAI… C’est peut-être vrai. En théorie, en tout cas. Car, c’est l’une des principales frustrations de cet observatoire : on ne sait pas quel opérateur se cache derrière ces débits fantastiques. On ne sait pas, non plus, si cet opérateur extraordinaire tient réellement ses promesses. L’observatoire se base sur des données déclaratives et ne dénonce pas les mauvais élèves. Ici, on ne regarde que le verre à moitié plein.

Alors, évidemment, en général on sait très bien quel opérateur propose du 100 Mbits/s dans son quartier. En tous cas, moi je le sais. Mais je sais aussi pourquoi je n’ai pas envie d’aller chez lui. Or, là, c’est comme si on me priait de renoncer à mes choix.

Je rappelle que, comme moi, la plupart des internautes ont été habitués à choisir leur FAI – on les a même souvent aidé sur 01net, en comparant les technos et les prix de chacun. Un choix qui a permis aux prix du haut débit de baisser et à la France de connecter un maximum de foyers en un temps record, ne l’oublions pas ! 

Renoncer au choix pour la bonne cause

Aujourd’hui, on a rarement le choix du FAI si on veut passer au très haut débit. Et personnellement, je trouve cela très regrettable. Mais j’entends aussi l’argument qui dit que si l’on couvrait entièrement la France en très haut débit en 2022, on serait déjà très content… quelque soit l’opérateur.

La priorité du gouvernement, c’est en outre de tenir cet objectif de déploiement. Et l’observatoire France très haut débit doit permettre d’y veiller. Or, c’est là que ça devient vraiment déprimant. Car, même en ne regardant que le verre à moitié plein comme le fait cette carte, on s’aperçoit qu’en 2014 une bonne partie de la France navigue encore entre le gris et le bleu. C’est-à-dire entre l’inéligibilité au haut débit et les 3 Mbits/s. 

#dégoutté

Une récente nouvelle aurait pu nous remonter le moral : Manuel Valls a donné son accord pour le financement de 7 nouveaux réseaux de fibre optique soutenus par les collectivités locales. L’Alsace, la Bretagne, l’Eure, la Haute-Saône, la Manche, le Val-de-Marne et le Tarn-et-Garonne sont les heureux élus.

Malheureusement, cette information est concomittante à une autre moins réjouissante : l’Idate vient de publier son rapport mondial du très haut débit fixe et mobile. Et la France n’arrive qu’à la 7ème place, se situant en-dessous du niveau européen… Nous nous sommes clairement endormis sur nos paires de cuivre. J’ai d’ailleurs  une pensée pour Jean-Paul M. qui grimaçait tout à l’heure sur Twitter en apprenant que sa ville faisait partie des bénéficiaires du plan France Très Haut débit. Je le cite : « lol pour ça faut déjà le haut débit #dégoutté ». Jean-Paul, si vous nous regardez, on compatit et partage.

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Delphine Sabattier