On va débrancher la première webcam. Oui, je sais, la nouvelle est atterrante. Nous l’apprenons ce matin dans les pages de Libé. En 1993, un chercheur de l’université de Cambridge (Angleterre), Quentin Stafford-Fraser, agacé de se faire piquer par le chaland estudiantin le café qu’il préparait dans la pièce attenante à son laboratoire, eut l’idée de bricoler une caméra reliée à un serveur informatique pour surveiller le filtrage de l’excitant breuvage. Le relatif éloignement géographique des accros de la cafetière suffit ensuite à ce que la goutte déborde directement et finalement sur le web, transgressant au passage l’usage privé pour une sorte de curiosité mondiale, visitée, rapporte Libération, par près de 2,4 millions d’internautes. Quentin parti hors de portée de la cafetière, voilà donc programmée la fin de cette première expérience de “voyeurisme du banal”, première utilisation actuelle – il faut bien le dire – de ces merveilleuses petites et peu onéreuses caméras. Lesquelles nous permettront bientôt, par exemple, de visiter l’intérieur de nos frigos pour vérifier qu’il n’y manque pas le beurre. Ce qui nous paraîtra non seulement normal, mais aussi absolument nécessaire. Vivement qu’on invente la webcam miniature, qui explorera aussi le vide abyssal des cerveaux qui s’abîment à contempler du rien et à s’extasier sur du pas grand-chose.
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