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La business intelligence attise les c onvoitises

L’aide à la décision est un secteur en forte croissance. Aux côtés de Business Objects, SAS ou Cognos, les géants du progiciel de gestion affûtent leurs armes.

Signe des temps, une conférence de SAP sur la business intelligence et les portails d’entreprise a réuni en trois jours plus de 2 500 participants à Leipzig fin janvier. L’information économique et l’aide à la décision attirent l’éditeur allemand de progiciels de gestion intégrés (PGI), à qui l’on prête des envies d’acquisition. Le marché français explique ces velléités. En 2000, les éditeurs d’outils décisionnels se sont partagé quelque 410 millions d’euros (2,7 milliards de francs) selon IDC, auxquels il faut ajouter les dépenses supplémentaires des entreprises en services afférents, soit 530 millions.

Un secteur très convoité

SAP n’est pas le seul en embuscade. D’autres éditeurs, de gestion de la relation client (GRC) ou de gestion de la chaîne logistique ?” Peoplesoft et Siebel en tête ?”, lorgnent sur le pré-carré des leaders de la business intelligence. “SAS Institute, Informatica et Business Objects vont devoir affronter les SAP, Oracle ou Peoplesoft, confirme Wolfgang Martin, consultant pour le Meta Group. Ils ont l’expertise métier sur laquelle repose toute application analytique.” Et d’enfoncer le clou :“Si on achète MySAP.com, on dispose d’un outil de “business intelligence” gratuit. Le seul élément qui manque à SAP ? Une plateforme d’intégration.” L’Allemand n’a pas l’intention de rater cette opportunité. Il a noué des partenariats avec deux acteurs de la business intelligence, Crystal Decisions pour le reporting et Ascential pour l’ETL. Paradoxal ? Pas si l’on déroule la chaîne d’applications du secteur.“Revenons à la première leçon des cours de management, résume Wolfgang Martin. On ne peut gérer ce qu’on ne peut mesurer !” Et la raison d’être de la business intelligence d’apparaître en négatif : extraire des données des systèmes d’information, en valider la qualité, les organiser puis en proposer une vue unifiée. Rares sont les spécialistes à intervenir à chaque étape. Le Canadien Cognos en a la volonté, mais seul SAS Institute propose une suite intégrée. L’éditeur, deux fois plus gros que Cognos ou Business Objects, avec 1 milliard de dollars (1,14 milliard d’euros) de chiffre d’affaires, minore les velléités des SAP et autres acteurs des progiciels : “En période de crise, chacun se recentre sur son c?”ur de business”, rappelle Daniel Delorge, PDG pour la France. L’éditeur se sent paré et n’hésite pas à se poser en précurseur : “Nous avons structuré l’intelligence décisionnelle autour d’une suite de progiciels ciblant les différents départements de l’entreprise.” C’est là qu’est né le casus belli. En se déportant de l’activité de datamining, la business intelligence est venue flirter avec l’analyse décisionnelle des données, issue des PGI. Cette évolution s’est faite en deux étapes. Premier acte, au début des années 1990, suivant la phase de consolidation des données dans les datawarehouse, la business intelligence est focalisée sur les outils d’interrogation des bases de données multidimensionnelles (Olap). L’ère de la restitution de l’analyse des données sous un format exploitable est celle d’acteurs tels que Business Objects, Cognos et Crystal Decisions. Depuis quelques mois, le marché a entamé le second acte, celui des applications analytiques. “L’enjeu pour les entreprises est d’utiliser leurs données dans une optique métier”, souligne Thierry Gagnon, responsable de l’offre décisionnelle chez Hyperion. Les applications analytiques concrétisent une rationalisation des outils décisionnels par département de l’entreprise, essentiellement finance, ventes, marketing et RH. Hyperion fournit des composants d’intégration entre le datawarehouse et le datamart, et spécialise son offre applicative sur la finance. Preuve de l’évolution du marché, une chaîne de collaboration s’est tissée entre acteurs de la business intelligence, pourtant concurrents. En janvier, Hyperion a décidé d’intégrer les outils d’interrogation de bases de données et de reporting de Crystal Decisions. “Les entreprises ont beaucoup investi dans les PGI, les solutions de GRC et dans la mise en place de “datawarehouse”, note Didier Guyomarc’h, DG France et Europe du Sud de Crystal Decisons. Le temps est à la consolidation.”Cognos s’est ainsi empressé d’annoncer la compatibilité future de ses outils d’analyse avec SAP, après avoir développé un progiciel analytique relié à Oracle.

De nouvelles priorités

Cette perspective d’affrontement n’inquiète pourtant pas Business Objects. “Je ne connais aucun environnement SAP en production sur la “business intelligence””, s’amuse Jérôme Jaunasse, directeur général opérations France. Fort de la santé financière de sa société, dont le chiffre d’affaires affichait une croissance de 19 % en 2001, et de sa stratégie d’alliance avec les éditeurs d’ETL et de PGI, Jérôme Jaunasse discerne d’autres priorités : “L’évolution de la “business intelligence” passe par le collaboratif, l’extranet de deuxième génération. Il faut ouvrir le “datawarehouse” afin de mettre en place une “business intelligence” en réseau.” Une telle ouverture repose sur des problématiques d’intégration de données, un marché estimé à 15 milliards de dollars à l’horizon 2005 et sur lequel Business Objects pourrait se renforcer par croissance externe.

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Christophe Dupont