Faire concurrence à France Télécom sur le haut débit par la voie des airs ? L’idée, venue des Etats-Unis, n’est plus saugrenue. C’est ce que proposent désormais les opérateurs de boucle locale radio (BLR). Si, depuis l’ouverture du marché en 1998, les grands comptes pouvaient se raccorder aux boucles optiques des opérateurs alternatifs, la majorité des entreprises n’avait d’autre possibilité que de souscrire auprès de l’opérateur historique des liaisons louées, trop chères pour les moyennes et petites structures. Celles-ci devaient souvent se rabattre sur Numéris, peu rapide et taxé à la durée. Alors que le dégroupage ?” qui permettra l’essor d’offres DSL (haut débit sur réseau téléphonique) concurrentes de celles de France Télécom ?” n’en est encore qu’à ses balbutiements, la boucle locale radio est entrée dans le paysage français. Etrangement, elle a moins fait couler d’encre que le DSL, alors qu’elle représente la première vraie brèche dans le monopole local de France Télécom.
Lenteur de l’ouverture commerciale
Il faut dire que la révolution de la BLR est encore assez frileuse à la mi-2001, avec des lancements prudents, effectués dans les grandes villes, et plutôt à destination des entreprises. Seuls cinq opérateurs sur les neuf titulaires de licences ont démarré des activités commerciales : l’opérateur national Firstmark, et les régionaux Belgacom, Altitude Télécom, Broadnet et BLR Services. Quatre autres se font encore attendre : Squadran, opérateur national, le régional Landtel et les opérateurs d’outremer XTS Networks et Media Overseas. “Faut-il s’étonner que la conjonction du retournement des marchés financiers et du démarrage d’une technologie nouvelle ait engendré quelques difficultés dans le lancement de cette opération ?” questionnait récemment Jean-Michel Hubert, président de l’Autorité de régulation des télécommunications. Aucune ouverture commerciale n’a ainsi été faite sur la bande de fréquence 3,5 GHz, destinée à des offres grand public ou entreprises personnelles (Soho).A partir de 2002, France Télécom aura sans doute beaucoup plus à craindre de la technologie radio. Les déploiements vont se poursuivre, et peut-être même s’accélérer si la conjoncture financière s’améliore. L’ambitieux Firstmark prévoit, par exemple, de couvrir, d’ici à la fin de l’année, les quarante premières agglomérations françaises. Et les opérateurs seront également plus nombreux, puisque tous les titulaires de licences revendront du trafic. Ce sera d’ailleurs le modèle économique de Squadran et de BLR Services, deux opérateurs contrôlés par LDCom. Ainsi, KPNQwest a déjà signé avec Squadran, tandis qu’Infonet et Tele2 réalisent des tests avec BLR Services.
Des tarifs inférieurs de 30 %
Les opérateurs de BLR ont l’avantage de pouvoir prendre, dès aujourd’hui, des parts sur le marché naissant du haut débit. Il leur faudra déployer vite et massivement leurs réseaux et convaincre les entreprises. Et ce alors que les opérateurs sont en majorité des nouveaux venus sur le marché des télécoms, l’ART ayant écarté les ténors habituels. Aujourd’hui, les PME qui ont testé pendant plusieurs mois la technologie commencent à signer les premiers contrats. Elles sont attirées par la rapidité de mise en place de ce type de solution, par la souplesse de la technologie, qui permet, par exemple, des pics de débit, et, surtout, par des tarifs généralement inférieurs de 30 % à ce qu’elles connaissaient jusque-là. Pour stimuler la demande, certains opérateurs demandent à leurs premiers clients de faire du prosélytisme et de parrainer d’autres sociétés en échange de remises. Mais les opérateurs de BLR devront aussi convaincre les PME de passer aux nouveaux services qu’ils envisagent d’ajouter à leur portefeuille, comme les réseaux privés virtuels, le streaming vidéo ou la location d’applications. L’aventure de la boucle locale radio ne fait que commencer.
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