Le premier semestre 2002 laisse présager une année de concentration pour les opérateurs français de télécoms. Il y a quelques mois, LDCom, en sauveur des opérateurs alternatifs, rachetait coup sur coup Kaptech et Belgacom France. Aujourd’hui, c’est Altitude Télécom qui met dans sa corbeille Broadnet France.Titulaire de deux licences de boucle locale radio (BLR) en Normandie, fort de 250 entreprises déjà connectées, Altitude avait clairement annoncé vouloir partir à l’assaut de l’Ile-de-France. L’opérateur lorgnait Landtel et Broadnet, détenteurs de licences BLR sur la région parisienne, et connaissant des difficultés (ils viennent d’être mis en demeure par l’ART pour cause de déploiement quasi nul). ” Nous voulions un deal financier. Broadnet avait la volonté de rester en France et d’investir. Le dossier Landtel n’avait pas la même clarté “, explique Jean-Paul Rivière, PDG d’Altitude.
Une opération sans bourse déliée pour Altitude
Altitude empoche en effet Broadnet France sans débourser un centime. C’est même l’inverse, puisque Broadnet Holdings, filiale de l’américain Comcast, lui apporte ses activités françaises contre 15 % du capital de la société normande (sous forme de 6 millions d’euros d’actifs et 2,8 millions de trésorerie).” Seule la licence Ile-de-France nous intéresse. L’Ile-de-France est une tête de pont qui permet de faire ensuite des affaires au niveau national. Il n’y a plus de modèle régional des télécoms en Europe “, explique Jean-Paul Rivière. ” Il est sûr que nous aurions préféré ne laisser que 5 % de notre capital plutôt que 15 %, si Altitude avait été mieux valorisé. Mais nous nous estimons heureux d’avoir encore la même valorisation qu’il y a dix mois, ce qui n’est pas le cas de tout le monde
“.L’opérateur devrait rendre les quatorze autorisations restantes de Broadnet. Altitude estime qu’il y aurait un risque à s’attaquer à autant de régions à la fois, sachant que les capitaux sont difficiles à lever. ” Les opérateurs télécoms sont redevenus des entreprises classiques qui doivent faire en sorte de faire des profits. Il faut d’abord montrer sa rentabilité pour ensuite éventuellement lever de l’argent “, affirme Jean-Paul Rivière.
Les salariés de Broadnet France sur le carreau
Altitude Télécom ne devrait reprendre quasiment aucun des 25 salariés de Broadnet France, estimant posséder déjà en interne les compétences nécessaires, notamment en matière technique. Altitude inaugurera sur Paris une agence commerciale. Broadnet avait déployé 4 émetteurs sur Paris. D’ici 24 mois, Altitude a prévu d’investir 12 millions d’euros, et de mettre en place une dizaine de stations de base radio supplémentaires. Evidemment sous réserve que l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) donne son feu vert à ce rapprochement capitalistique.En principe, Altitude doit assumer les obligations auxquelles était soumis Broadnet France. “
Nous sommes dans une phase d’attente
“, reconnaît Jean-Paul Rivière. On voit mal cependant l’ART créer des blocages dans un dossier épineux, et pour lequel elle essuie aujourd’hui les critiques. Beaucoup lui reprochent en effet d’avoir délivré des licences à des opérateurs inconnus. L’ART rejette ces critiques en précisant avoir eu recours à un mode d’attribution transparent.
Les opérateurs BLR lachés par les investisseurs
Selon Jean-Paul Rivière, les difficultés des opérateurs de boucle locale radio tient aux difficultés à lever de l’argent, mais aussi à l’inexpérience de beaucoup d’opérateurs. ” Le changement d’attitude du monde financier n’était pas vraiment prévisible. Par contre, beaucoup trop de gens n’étaient pas du métier. Le prix de revient d’une station de base entre nous et certains autres opérateurs est de facteur 10. Là où nous mettions un ingénieur, certains mettaient des tas de consultants. Nous sommes des ingénieurs avant d’être des financiers “.D’autres opérations de concentration pourraient survenir. Outre les rumeurs qui lui attribuent des vues sur Completel et 9 Telecom et qu’il ne veut pas commenter, l’inévitable LDCom reconnaît être en ” pourparlers ” avec Firstmark, l’opérateur national de boucle locale radio et filiale de Suez. Aucun accord ne devrait être scellé avant l’été. Un tel rapprochement serait lourd de conséquences, puisque LDCom tient déjà les rênes de Squadran, l’autre opérateur national, et de Belgacom France (7 licences régionales). Quant à l’avenir de Landtel, il baigne encore dans un flou complet.L’ART s’exprimera sur l’ensemble du dossier BLR dici à la fin juin, que ce soit ces opérations capitalistiques, mais aussi les suites des mises en demeure ou encore le devenir des licences sans propriétaire.
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