Muni de lunettes 3D et confortablement assis face à un écran panoramique de huit mè-tres de large, on pourrait se croire dans une salle de cinéma. Toutefois, lorsque les projecteurs s’allument, la vingtaine de spectateurs présents n’émergent pas d’une superproduction américaine, mais d’une représentation tridimensionnelle des entrailles de la terre. Une représentation qui sert à interpréter les données géologiques des réservoirs de pétrole et à choisir des emplacements de forage.Situé dans la tour Pancanadian -le siège social du géant pétrolier canadien, basé à Calgary-, le centre de visualisation 3 D Terradeck est en effet réservé à un public très spécialisé. A savoir des géologues, des géophysiciens et des ingénieurs. “Grâce à Terradeck, nous nous retrouvons immergés à l’intérieur même des réservoirs et des formations sédimentaires que nous voulons exploiter, commente Dick Walker, responsable du centre 3D. Les équipes d’exploration peuvent étudier les données géologiques sous différents angles, interpréter ensemble ces résultats, et décider de l’implantation exacte des forages. “
Une production de puits augmentée de 20 %
es données géologiques issues des campagnes d’exploration sont traitées par deux ordinateurs Onyx 2 de SGI, reliés par fibres optiques à la salle 3D. Un opérateur ajuste ensuite en direct la projection, en fonction des besoins des spectateurs.Avant l’utilisation de cette technique, les ingénieurs visualisaient, de façon indépendante, les données sur leur station de travail. “Désormais, ils prennent leurs décisions en équipe. Avec, à la clé, une diminution des risques de forage“, poursuit Dick Walker. En moins de six mois d’utilisation, le coût de Terradeck (environ 5,5 millions de francs) a déjà été amorti. “En visualisant sur l’écran un réservoir mature, au nord-ouest de Calgary, les géologues ont décidé de déplacer légèrement un puits horizontal pour atteindre une nappe plus riche. Du coup, la production du puits a augmenté de près de 20 %. ” Un résultat augurant de fantastiques gains pour une entreprise réalisant plus de deux mille forages par an dans le monde entier.Grâce à la montée en puissance des ordinateurs, la plupart des grands groupes pétroliers mondiaux se sont mis à utiliser des systèmes de visualisation comparables à ceux du groupe pétrolier Pancanadian. Mais, d’après Nils Telnaes, du centre de recherche norvégien de Norsk Hydro, “l’industrie pétrolière a besoin d’une meilleure modélisation encore des phénomènes de migration de pétrole dans les réservoirs. Ce qui nécessite d’établir de nouveaux algorithmes et de disposer d’ordinateurs plus puissants. ”
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