Finies, bientôt, les petites arnaques des agences de voyages en ligne. Face à la pratique grandissante de l’IP Tracking – qui consiste à récolter l’adresse IP d’un client et à moduler le prix en fonction de son comportement antérieur – la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) a décidé de contre-attaquer.
Saisie en avril par l’eurodéputée Françoise Castex, la Commission vient de répondre (voir lettre ci-dessous) que l’IP Tracking « suscite de nombreuses interrogations », et qu’elle a donc décidé de « mener une étude afin de déterminer si les dispositions relatives à la loi Informatique et libertés sont respectées ». En particulier, elle pointe sur l’article 10 de la loi Informatique Libertés, qui interdit « tout automatisme dans la prise de décision produisant des effets juridique à l’égard d’une personne ».
Soupçons de pratiques commerciales déloyales
Selon la Cnil, « l’IP Tracking doit également être appréhendé sur le fondement des pratiques commerciales déloyales ». Elle affirme ainsi « travailler en collaboration étroite avec la DGCCRF afin de déterminer (…) de l’opportunité de réaliser des actions conjointes auprès des principaux opérateurs concernés ».
En effet, la mise en place d’une telle pratique « est susceptible de porter préjudice à certains clients qui se verraient appliquer des tarifs moins avantageux en fonction de leur profil de navigation », souligne la Cnil. « J’espère que cette enquête aboutira avant les grands départs en vacances et que des mesures pourront être prise rapidement », a pour sa part souligné Françoise Castex, avant de rappeler que « des millions de personnes sont concernés ».
En quoi consiste précisément l’IP Tracking et qui utilise cette technique ? L’IP Tracking permet de constituer un profil permanent d’un client sur la base de son adresse IP : à chaque fois qu’il va se connecter sur un site e-commerce, celui-ci va enregistrer ses actions (recherche d’un prix, réservation, etc.). L’objectif étant de mieux évaluer le degré d’appétence d’un client et, par conséquent, augmenter légèrement le prix, sans que cela soit lié avec l’offre disponible.
Voyages-SNCF et Air France démentent
Exemple : un client effectue une recherche sur un billet d’avion, sans passer commande. Il revient quelques jours plus tard, pour refaire la même chose. Comme ce client semble vraiment intéressé, on va lui afficher un prix sur-tarifé, même si le nombre de places disponibles dans l’avion n’a pas évolué d’un pouce.
L’avantage diabolique de l’IP Tracking, c’est que l’e-commerçant peut faire des analyses comportementales même si le client n’est pas connecté au travers d’un compte client ou d’un programme de fidélité. Pour déjouer ce pistage, il faut réaliser les recherches de produit sur un terminal, puis effectuer l’achat sur un autre, qui n’est pas relié à la même adresse IP.
Les sociétés qui utilisent ce type de pistage seraient principalement les agences de voyages en ligne. Interrogées par une journaliste du Monde.fr, les sites Voyages-SNCF et Airfrance.fr ont juré ne pas utiliser ce type de pistage. Il semblerait que cette technique soit surtout mise en œuvre par des sites de voyages low-cost.
Lire aussi :
Tracking IP : les pratiques inavouables des cybermarchands, le 12/02/2013
Un député questionne un ministre sur “l’IP tracking” en France, le 02/04/2013
Sources :
Le blog de Rafaele Rivais
Le blog de Françoise Castex
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