Brillant essayiste, conseiller politique et professeur, l’économiste américain Jeremy Rifkin vient de sortir un nouvel ouvrage : « La Nouvelle société du coût marginal zéro ». Il était l’invité ce week-end de BFM Business pour exposer ses théories prospectivistes.
« Un nouveau système économique est en train d’émerger sur la scène mondiale, ça s’appelle l’économie du partage et les communaux collaboratifs, c’est le premier système économique qui émerge depuis l’instauration du capitalisme et du socialisme au XIXe siècle », a-t-il déclaré.
Par l’expression « communaux collaboratifs », Jeremy Rifkin fait allusion à un mode d’organisation remontant à la société féodale qui permettait aux paysans de mettre en commun leurs ressources. Par extension, Rifkin l’emploie pour désigner toute forme d’association où l’intérêt général prend le pas sur la satisfaction des besoins individuels, où la culture du partage supplante la propriété privée. Une économie collaborative remise au goût du jour par les nouvelles technologies qui ont permis l’émergence de nouvelles pratiques comme le crowdfunding, l’auto-partage ou le couchsurfing, par exemple.
Voir l’émission de BFM Business :
//bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/sociactac-collaborative-est-ce-la-fin-du-capitalisme-jeracmy-rifkin-et-arnaud-gossman-dans-business-durable-2809-14-322170.html
Il ne s’agit pas d’un phénomène marginal pour Jeremy Rifkin. Ce qu’il prévoit, c’est carrément le déclin du capitalisme et la montée en puissance des « communaux collaboratifs ». « C’est un événement historique extraordinaire. D’ici 2050, le capitalisme sera toujours là mais il ne sera plus la seule façon de voir l’économie, il devra partager la scène avec d’autres modèles », assure-t-il.
Deux facteurs devraient précipiter ce changement de paradigme. Le premier c’est l’implosion du capitalisme qui va continuer à réduire à presque zéro le coût des services et des biens. Ces derniers deviendront abondants et quasiment gratuits au point qu’il n’y aura plus d’économie de manque donc plus de profit et donc plus de capitalisme possible. « Des centaines de millions de jeunes ont commencé à devenir des pro-sommateurs. Ils produisent leur propre musique, leurs propres vidéos, leurs propres blogs d’information, leurs propres contributions à Wikipedia avec un coût marginal zéro. L’industrie musicale, la presse, les chaînes de télévision souffrent déjà », détaille Rifkin.
Le second, c’est le développement d’un nouveau complexe communication-énergie-transports au sein d’un gigantesque Internet des objets. « On peut déjà tout partager grâce à l’impression 3D : automobiles, outils, jouets. Mais on pourra aussi commencer à produire sa propre énergie renouvelable et la partager à un coût marginal zéro grâce à l’internet des objets. » La troisième révolution industrielle n’avait touché jusqu’à maintenant que les économies numériques : elle est en train de gagner maintenant aussi les économies traditionnelles.
Alors, le futur, Jeremy Rifkin l’imagine forcément rose. Un monde meilleur avec des enfants qui viendront à l’école avec leur imprimante 3D dans leur sac à dos pour fabriquer des objets, où l’énergie ne coûtera plus rien, et où des millions des capteurs irrigueront un gigantesque réseau neutre. Chacun pourra y partager ce qu’il aura produit ou piocher dans les données disponibles. Vous avez dit utopiste ?
La nouvelle société du coût marginal zéro, Jeremy Rifkin, Editions Les Liens qui libèrent, 26 euros.
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