La concurrence profite-t-elle au système ? Depuis le lancement de Free Mobile, en janvier 2012, il semble que non. En effet, en développant une offre de forfaits illimités à moins de 20 euros, les concurrents ont accusé Free d’avoir dégradé l’économie du secteur avec pour effet ultime d’être la cause des plans sociaux dans le secteur des télécoms.
En quelques semaines, le gouvernement est venu appuyer les arguments des FAI. Arnaud Montebourg, qui a favorablement accueilli Free Mobile pour son impact sur le pouvoir d’achat, reproche au 4e opérateur d’avoir une responsabilité dans les difficultés économiques du secteur.
Le ministre a indiqué alors d’un entretien à l’Usine Nouvelle « La course au low cost avec l’arrivée de Free Mobile a eu des conséquences sur les opérateurs, la sous-traitance, les fournisseurs. [Free a conduit à] des destructions d’emplois dans la sous-traitance, la précarisation des travailleurs chez Free, les délocalisations accélérées dans les centres d’appels, l’aggravation des difficultés d’Alcatel. »
Une guerre d’économistes
Après cette attaque, un rapport parlementaire réalisé par la députée PS Corinne Erhel, a suivi en soulignant que les plans sociaux chez les opérateurs étaient en partie imputables à Free. « Une étude conduite par le professeur Bruno Deffains [professeur à la Sorbonne et directeur du centre de recherches en économie du droit, NDLR] chiffre à 55 000 le nombre total de suppressions d’emplois auxquelles s’attendre en deux ans. » Selon Madame Erhel, Free a des responsabilités dans les licenciements de SFR, Bouygues et Orange, mais aussi sur les difficultés d’Alcatel et sur la fermeture du site d’Angers de Technicolor. Free a donc décidé de répliquer avec une étude.
Réalisé par Augustin Landier, Toulouse School of Economics, et David Thesmar d’HEC Paris, ce document de 63 pages donne un son de cloche diamétralement opposé aux affirmations du rapport Erhel. Pour ces deux spécialistes, « Free Mobile libère plus de 1,7 milliard d’euros de pouvoir d’achat par an en France. » En matière d’emplois, les nouveaux tarifs vont conduire à la création de 16000 à 30000 nouveaux emplois en France. Enfin, concernant le développement industriel, « l’entrée de Free renforce les incitations de certains opérateurs historiques du mobile à investir dans le secteur. »
Pour les auteurs du rapport Free, « la baisse des prix […] conduit à une hausse de consommation dans tous les secteurs. La hausse de l’activité dans ces secteurs génère de nouveaux emplois qui à leur tour créent de la consommation nouvelle. » Et d’évaluer entre 16 000 et 30 000 la création d’emplois provoquée par le 4e opérateur. Les auteurs signalent toutefois que sur 16 000 emplois créés, seuls 267 le serait dans le secteur des télécoms.
Depuis la publication de ce rapport, le débat est ouvert. Sur BFM Business, Nicolas Doze soutient dans sa chronique d’aujourd’hui que l’arrivée de Free et les difficultés du secteur sont une coïncidence. Selon lui, l’embellie des télécoms ne pourra revenir qu’avec « la fin des subventions qui remplit les poches des fabricants de smartphones en vidant celles des opérateurs et avec l’arrivée de la 4G. » Sur ce dernier point, tout le monde semble d’accord.
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