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L’Europe appelle à un encadrement «strict» de l’utilisation de la reconnaissance faciale

Inquiet des usages potentiels de la reconnaissance faciale, le Conseil de l’Europe a recommandé aux Etats européens d’encadrer strictement son utilisation, afin de protéger les citoyens européens.

La reconnaissance faciale n’est pas une et indivisible. Ludiques, sécuritaires, pratiques, ses usages sont nombreux, et extrêmement différents, mais tous posent à un moment ou à un autre la question du respect des libertés essentielles des utilisateurs.
Voilà pourquoi le Conseil de l’Europe a plaidé jeudi pour un encadrement « strict » de l’utilisation de la reconnaissance faciale, face aux « menaces » que fait peser cette technologie sur « la vie privée et la protection des données personnelles ».

Des recommandations pour protéger les citoyens

Dans une série de « recommandations » aux Etats, le Conseil de l’Europe promeut un usage limité au « strict nécessaire » la reconnaissance faciale, soit les situations où une menace à la sécurité publique peut être établie à l’avance.

Il défend l’interdiction de la reconnaissance faciale à des fins de détermination de la couleur de peau, de l’âge, du genre, de l’origine ethnique ou de la pratique religieuse des personnes.
Pointant également leur aspect « intrusif » souligne le besoin d’un « débat démocratique » sur l’usage de ces technologies dans les espaces et les établissements publics, et le recours, si nécessaire, à des moratoires.

Le Conseil de l’Europe conseille d’interdire les technologies qui permettent de déterminer les émotions, l’état de santé mentale, voire le niveau d’implication au travail, considérant que de tels outils peuvent entraver un accès libre et équitable à l’emploi ou aux services d’assurance.

« D’un côté, la reconnaissance faciale peut aider à surmonter les obstacles de notre vie quotidienne, mais de l’autre, elle menace nos droits humains essentiels, y compris la vie privée, l’égalité de traitement et la non-discrimination », a déclaré Marija Pejcinovic Buric, la secrétaire générale du Conseil de l’Europe, dans un communiqué.

Cette technologie « permet à des autorités étatiques, entre autres, de surveiller et contrôler des aspects importants de nos vies, souvent à notre insu ou sans notre consentement », a-t-elle mis en garde.

Elle a appelé les Etats à adopter ces directives, afin de « garantir les libertés fondamentales des personnes ».

Quarante ans de protection des données personnelles

Ces recommandations sont publiées à l’occasion du 40ème anniversaire de la Convention du Conseil de l’Europe pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel, dite Convention 108, signée par 55 Etats.

Marija Pejcinovic Buric a appelé les gouvernements à rejoindre cette convention, qui a été modernisée en 2018 afin « d’adapter ses principes aux nouvelles technologies ».

Selon le Conseil de l’Europe, cette convention a servi de base à la première directive européenne sur la protection des données, adoptée en 1995, et au Règlement général sur la protection des données (RGPD), entré en vigueur en 2018.

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P.F., avec AFP