Huawei n’est pas seulement un constructeur de smartphones. Il est aussi l’un des leaders mondiaux de la 5G en tant qu’équipementier télécom. On peut donc se demander si la rupture des relations commerciales des Américains avec le géant chinois pourrait affecter le déploiement du nouveau standard de téléphonie mobile dans notre pays.
Pas de bannissement en France
Plusieurs scénarios sont envisageables. Le gouvernement français sera-t-il tenté de s’aligner sur la position américaine et interdire aux opérateurs de se fournir chez Huawei ? L’option a été rejetée par le président Macron la semaine dernière lors de sa visite du salon Viva Tech.
« Notre perspective n’est pas de bloquer Huawei ou toute autre entreprise mais de préserver notre sécurité nationale et la souveraineté européenne », a-t-il déclaré d’après l’AFP.
Toutefois, rien n’empêche les opérateurs français de rompre un jour avec Huawei pour éviter toute tracasserie ou problème d’image. Cela semble pour le moment peu probable. Ils ont intérêt à garder plusieurs équipementiers en parallèle, de manière à négocier les prix et à assurer leur approvisionnement.
Des difficultés pour fournir les opérateurs ?
On pourrait aussi imaginer que Huawei rencontre des difficultés pour fournir les opérateurs en ayant plus accès aux brevets et composants américains. Si cela devait se produire, l’impact serait loin d’être immédiat. D’ailleurs, l’Arcep ne s’en inquiète pas outre mesure.
« Cela n’empêchera pas la France de lancer la 5G en 2020. Le déploiement sera modeste dans un premier temps puisqu’il ne concernera que quelques grandes villes. Il n’y aura donc pas d’impact immédiat », a affirmé le président de l’Arcep, Sébastien Soriano, lors d’une conférence de presse ce mardi.
Seuls Bouygues Telecom et SFR sont clients de Huawei pour la 5G en France. Les deux opérateurs ouvriront à coup sûr leur réseau 5G début 2020 dans les villes pilotes où ils sont déjà en train de la tester. Ils ne devraient donc pas être pris de cours d’ici là puisqu’ils sont déjà en train de déployer des antennes sur ces sites.
Les opérateurs ne sont pas dépendants exclusivement de Huawei
Par ailleurs, ils ont été mis en garde par le gouvernement depuis de longs mois sur la sécurité des futurs réseaux. Une proposition de loi devrait être adoptée en juin visant à imposer un régime d’autorisation préalable concernant la 5G.
Cela aura pour conséquence d’éviter que des équipements chinois ne soient installés à proximité de sites sensibles. Bouygues Telecom et SFR ont donc déjà fait en sorte de ne pas se retrouver exclusivement dépendants de Huawei et mis la pédale douce sur leurs expérimentations avec l’équipementier. Bouygues Telecom s’appuie aussi sur Ericsson et SFR sur Nokia.
Des problèmes pourraient toutefois survenir dans un deuxième temps, lorsqu’il faudra déployer de manière plus conséquente la 5G sur le territoire, dans le cas où la situation entre les Etats-Unis et Huawei n’aurait pas évoluée.
« S’il y a un impact, il aura lieu à la marge et plus tard. Dans ce cas, nous accompagnerons les opérateurs concernés en revoyant, par exemple, leurs objectifs de couverture dans le calendrier », prévient Sébastien Soriano.
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