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L’Arcep émet onze propositions pour réduire l’empreinte carbone du numérique sans brider nos usages

L’Arcep vient de publier onze propositions pour que le numérique prenne sa part à la stratégie bas carbone. Mais pas question de tout faire porter sur le dos du consommateur et de limiter son utilisation.

« Le numérique doit prendre sa part à la stratégie bas carbone » , a déclaré ce matin le président de l’Arcep Sébastien Soriano lors d’un point presse en ligne. Il présentait le rapport « Pour un numérique soutenable », une initiative du gendarme des télécoms mais aussi le fruit de la collaboration de 127 participants :  associations, entreprises, opérateurs télécoms, personnalités ou établissements publics comme l’Ademe (Agence de la transition écologique). Le texte met en avant 11 propositions pour réduire l’empreinte environnementale du numérique.

Raisonnablement optimistes

Premier constat : on est très loin de la proposition de loi des sénateurs qui veut limiter certaines utilisations du numérique en interdisant, par exemple, les forfaits mobiles illimités.

« Il ne nous a pas semblé souhaitable de brider les usages ou la capacité d’action du numérique dans la société, cela porterait atteint aux libertés économiques et individuelles », a déclaré d’emblée Sébastien Soriano.

Et puis, pas question de faire porter toutes les responsabilités sur le dos des consommateurs.

Comme le gouvernement, l’Arcep veut aussi croire dans les « apports fantastiques » du numérique qui serait capable de fournir des « solutions » à la crise climatique.

« Nous sommes raisonnablement optimistes », a revendiqué Serge Abiteboul, membre du collège de l’Arcep.

L’un des trois axes du rapport repose logiquement sur les fondamentaux du gendarme des télécoms : encourager les opérateurs à promouvoir la mise en veille des box, intégrer des critères environnementaux dans les indicateurs de performance des réseaux, étudier la possibilité d’éteindre les réseaux 2G et 3G, mutualiser les infrastructures, favoriser la fin du réseau cuivre, etc.

Le reste dépasse les compétences de l’Arcep mais reste digne d’intérêt. Le rapport propose de faire remonter par une entité publique l’impact de chaque acteur du numérique, des fabricants de terminaux aux éditeurs de systèmes d’exploitation, en passant par les centres de données.
Sébastien Soriano veut croire que ces données, collectées d’après une méthodologie rigoureuse, prouveront que l’effet rebond n’est pas une fatalité en matière de numérique.

Lutter contre l’obsolescence logicielle

Quant au troisième volet incitatif, il consisterait à faire du « cousu main » avec tous les acteurs du secteur et leur faire adapter de bonnes pratiques. Il s’agirait, par exemple, de convaincre les plates-formes de streaming d’optimiser la qualité du flux vidéo comme ce qui a été fait pendant le premier confinement, de poser la question de l’autoplay ou de l’obsolescence logicielle des grands OS.
Cela pourrait passer par l’adoption de codes de conduite mais pourquoi pas, aussi, des engagements contraignants légalement comme c’est le cas, par exemple, avec les obligations de couverture des opérateurs télécoms.

Enfin, concernant les consommateurs, l’idée fixe de Sébastien Soriano reste de développer des outils similaires aux temps d’écrans fournis par les systèmes d’exploitation mobiles. Les utilisateurs pourraient ainsi avoir un retour sur l’impact environnemental de chacun de leurs usages.

L’Arcep s’est vu confier une mission d’information conjointe avec l’Ademe sur l’empreinte environnementale du numérique par le ministère de l’Environnement et Bercy. Ce texte est un rapport d’étape avant des conclusions attendues courant 2021. Libre au gouvernement de s’en inspirer ensuite.

Source : Arcep

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Amélie CHARNAY