L’Arcep vient de rendre public un rapport commandé par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques.
Ce rapport a pour but d’évaluer l’impact des pratiques commerciales de distribution des smartphones, notamment des offres subventionnées, sur la fréquence de leur renouvellement. Pour cela, l’Arcep a croisé diverses sources d’information et constaté que les chiffres variaient beaucoup d’une source à l’autre, ce qui a rendu la création du rapport difficile.
La subvention des opérateurs n’influe pas sur la durée de vie des terminaux
La première conclusion du rapport est qu’il n’y a pas de lien significatif entre le mode de distribution et la durée de vie des terminaux mobiles. Selon les données de l’Arcep, un smartphone subventionné par un opérateur aurait en moyenne une durée de vie de 29 mois, contre 32 mois pour un appareil non subventionné.
D’autres données, en provenance du Baromètre du numérique, indiquent que 69% des détenteurs d’un terminal subventionné possèdent leur appareil depuis moins de deux ans, contre 63% pour l’ensemble des détenteurs de smartphones.
Selon la même source, 83% à 86% des utilisateurs déclarent détenir leur smartphone depuis moins de trois ans, qu’il s’agisse d’un modèle subventionné ou non. Toutefois, l’Arcep précise qu’il n’est pas possible de déduire les durées de vie totales des smartphones, car un appareil peut changer de propriétaire au cours de son existence.
Ainsi, la durée d’utilisation individuelle des smartphones en France se situe entre 23 et 37 mois selon les sources d’information. L’Arcep indique qu’elles se seraient allongées de 6 à 12 mois entre 2013 et 2019.
Mais elles restent cependant nettement inférieures « aux cinq ans, voire dix ans que plusieurs des acteurs rencontrés par l’Arcep ont estimée comme une durée de vie potentielle des terminaux mobiles, à condition que l’obsolescence logicielle et l’obsolescence culturelle ne la limitent pas ».
Obsolescence et publicité en cause ?
Or, justement, le changement d’un smartphone peut aussi résulter d’une obsolescence logicielle (incompatibilité avec la nouvelle version de l’OS, plus d’accès aux mises à jour), voire culturelle (l’appareil n’est plus à la mode).
En outre, la durée d’usage individuel est influencée par des éléments tels que les revenus de l’utilisateur, les nouvelles innovations, le marketing et la publicité, ainsi que la facilité de réparation.
La bonne nouvelle est que, d’après le rapport de l’Arcep, les ventes se développent au niveau de l’occasion et du reconditionné. De plus en plus de consommateurs achètent un modèle reconditionné, moins cher qu’un smartphone neuf, mais avec un bon niveau de qualité.
Toutefois, l’Arcep estime que ce marché ne concerne qu’un nombre réduit de terminaux, et surtout des anciens modèles haut de gamme Samsung et Apple. Ainsi, l’iPhone 8 serait le smartphone reconditionné qui se serait le plus vendu en 2020.
Notons que les opérateurs font des efforts pour encourager la collecte de vieux terminaux. Ainsi, Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR ont collecté environ 700 000 appareils destinés au reconditionnement en 2020.
Les opérateurs en retrait pour la vente des smartphones
L’autre conclusion du rapport est que les offres subventionnées des opérateurs (achat d’un smartphone avec un forfait) ne font plus recette et n’ont cessé de diminuer depuis 2011. Elles n’ont représenté que 21% de l’ensemble des forfaits souscrits par les particuliers en 2020.
Selon le cabinet Gfk, seulement 49% des 16 millions de smartphones neufs vendus en France en 2020 ont été commercialisés par les opérateurs. Cela n’a cependant pas empêché Free de lancer il y a quelques jours son offre Flex, qui comprend un forfait et un smartphone en location/achat.
De son côté, l’Arcep estime que 35 à 40% des téléphones mobiles (tout modèles confondus) vendus en 2020 au grand public provient des opérateurs. Le calcul tient compte des modèles neufs, mais aussi des appareils d’occasion ou reconditionnés. En effet, il y a de plus en plus de distributeurs autres que les opérateurs. Citons par exemple la grande distribution ou les spécialistes des appareils reconditionnés.
A découvrir aussi en vidéo :
Enfin, l’Arcep recommande de mieux connaître les acteurs et les enjeux du reconditionnement, mais aussi d’améliorer la collecte des smartphones pour leur offrir une nouvelle vie. Cela permettrait ainsi d’allonger leur durée totale d’utilisation.
L’enjeu est d’importance sachant que, d’après un rapport d’information du Sénat, les smartphones représentent 10,5% des émissions de gaz à effet de serre du numérique en France (chiffres pour 2019). Ils sont toutefois battus par les ordinateurs portables (11,3%) et surtout par les téléviseurs (18,6%).
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.