Kaspersky est l’un des antivirus grand public les plus populaires au monde, avec près de 400 millions d’utilisateurs revendiqués. Mais pour les services de renseignement américains, c’est surtout un antivirusse qui pourrait être à la solde de Moscou.
Ils étaient venus s’expliquer le 11 mai devant une commission parlementaire, dont certains sénateurs s’inquiétaient de l’utilisation de Kaspersky par des agences gouvernementales et services publics américains. Un logiciel qui pourrait servir de porte d’entrée à une cyberattaque.
Kaspersky sous surveillance américaine
Cité par Reuters, le chef du renseignement militaire extérieur américain a affirmé que ses équipes « surveillent Kaspersky et son logiciel ». Tandis que le directeur de la NSA (renseignement électronique) a affirmé qu’il était « personnellement » impliqué dans l’affaire. Ces affirmations viennent confirmer des déclarations anonymes de responsables du renseignement dans la presse américaine ces derniers jours.
Lors des auditions au Congrès, les responsables du renseignement américain ont tous dit qu’ils ne seraient pas à l’aise à l’idée d’installer Kaspersky sur leurs ordinateurs. Eugene Kaspersky, fondateur de l’entreprise Kaspersky Lab, a réagi lors d’une séance de questions-réponses (AMA) sur le forum Reddit:
« Je désapprouve respectueusement leur opinion, et je suis vraiment désolé que ces messieurs ne puissent pas utiliser le meilleur logiciel du marché pour des raisons politiques. »
Des liens avec le KGB
Dans un communiqué, la société Kaspersky Lab a rejeté ces accusations, assurant qu’elle « n’a pas de liens avec le moindre gouvernement et […] n’a jamais aidé, ni n’aidera jamais aucun gouvernement dans le monde dans ses efforts de cyber-espionnage ». L’entreprise a également invité les chercheurs en cyber-sécurité ayant des soupçons, à surveiller son antivirus et ses mises à jour : « Vous ne trouverez rien ».
Ce n’est pas la première fois que ce genre de soupçons planent autour de l’entreprise de cybersécurité. Et cela ne vient pas seulement de ses origines russes, mais aussi du profil de son fondateur. Eugene Kaspersky a travaillé comme ingénieur informatique pour le KGB (services secrets de l’ex-URSS) puis pour le ministère de la Défense russe. Le numéro 2 de Kaspersky Labs, Andrey Tikhonov, est -quant à lui- un ancien lieutenant-colonel de l’armée russe.
Méfiance mondiale envers les logiciels étrangers
Cela n’a cependant rien d’anormal dans le business de la cybersécurité : de nombreux fondateurs et employés de ces entreprises ont fait leurs armes dans l’armée ou les services de renseignements. Israël, l’un des leaders mondiaux du secteur, en est un très bon exemple.
De toute manière, que Kaspersky soit réellement proche du Kremlin ou non ne change rien. La tendance aux Etats-Unis, comme en Russie, en Chine ou en Europe, est à la méfiance envers les logiciels et matériels étrangers utilisés par l’Etat.
Les Etats-Unis sont, eux, encore plus méfiants puisque les révélations d’Edward Snowden ont montré que les produits d’entreprises américaines comme Facebook, Google ou Microsoft ont servi de porte d’entrée à la surveillance de masse de la NSA. Pas étonnant, dès lors, qu’ils soupçonnent les autres pays d’agir comme eux.
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