C’est désormais un truisme d’affirmer qu’Internet bouleverse tous les secteurs de l’activité économique. Bon gré, mal gré, les acteurs traditionnels se plient à la nouvelle règle du jeu. Pourtant, tel un petit village gaulois, une industrie résiste encore et toujours à toute évolution : l’industrie musicale. Concernée plus que toute autre, elle refuse d’envisager Internet comme un atout plutôt que comme un fléau. Au lieu de voir dans le réseau un formidable moyen de promotion et de distribution, au lieu d’envisager de nouvelles sources de revenus ou de nouveaux modèles économiques pour faire face à l’inévitable décote du prix du morceau enregistré, les grands éditeurs phonographiques s’arc-boutent sur leurs positions.
Les récents démêlés judiciaires entre les éditeurs et MP3.com ou Napster témoignent de la frilosité d’une industrie incroyablement conservatrice. Un comble pour des entreprises qui vendent une image de rêve, de jeunesse et d’indépendance ! Prenons le cas exemplaire de Napster. Chaque possesseur de ce logiciel, téléchargeable gratuitement, peut chercher et télécharger des morceaux de musique depuis la machine de tout autre membre de la communauté Napster. Plusieurs centaines de milliers de personnes utilisent ce logiciel. Des millions de morceaux ont ainsi été échangés. Il est possible que cette entreprise soit illégale mais il est évident qu’elle représente l’avenir. Non seulement ce système satisfait tous les amateurs de musique, mais il pourrait être aussi, pour les maisons de disques, un redoutable outil marketing : pourquoi ne pas profiter de la connaissance qu’il permet d’avoir des goûts de chacun pour en faire l’instrument d’une stratégie de marketing personnalisé ?Au lieu de collaborer avec Napster dans cette perspective, l’industrie musicale l’attaque dans un combat d’arrière-garde. Cette attitude témoigne d’un manque flagrant de réflexion de la part des grands du disque, et d’une incapacité à analyser l’impact d’Internet sur leur industrie. Il est nécessaire de pointer du doigt leur incompétence, car cela doit servir de contre-exemple à toutes les autres entreprises. Pour se lancer sur Internet, les entreprises traditionnelles ont un avantage décisif : la connaissance de leur métier. Ce qu’elles doivent se demander, c’est où se trouve leur valeur, et comment Internet, allié à leur savoir-faire traditionnel, peut leur permettre d’en tirer des revenus. A esprit d’entreprise et d’innovation égal, elles ne peuvent être battues par des start up. Mais qu’elles viennent à être un peu moins décidées et imaginatives, et alors on ne pourra plus rien leur garantir.
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