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L’œil du photographe : Eric Bouvet et le Fujifilm X-Pro 1 (1/2)

Dans cet entretien en deux parties, le photojournaliste Eric Bouvet nous explique pourquoi il a décidé de troquer ses reflex pour le premier appareil hybride de Fujifilm, le X-Pro 1.

01net : Avant de vous équiper du Fujifilm X-Pro 1, avec quel appareil travailliez-vous ?

Avec les troupes françaises en Afghanistan en 2008
Avec les troupes françaises en Afghanistan en 2008 – Avec les troupes françaises en Afghanistan en 2008

Au début des années 80, j’ai travaillé avec des Nikon F2. Je trimballais deux appareils chargés en couleurs et deux appareils en noir et blanc : si on ajoute à cela les optiques et tout le barda, on était chargés ! Je n’ai aucun passé avec Fujifilm puisque je préférais les pellicules Kodak avec le rendu moins contrasté, plus neutre.

Avant le X-Pro 1, j’utilisais des Canon EOS 5D Mark II qui offraient, selon moi, le meilleur rapport qualité/prix. Pour des projets plus personnels, j’utilise une chambre argentique, mais l’argentique n’est pas adapté au rythme du news.

01net : Pourquoi ce choix ?

Après des années à trimballer des kilos de matériel, j’étais à la recherche d’un appareil plus compact et plus léger que mes 5D Mark II mais capable d’offrir la même qualité d’image. J’ai travaillé au Leica auparavant et j’aime ce format discret et compact : pour mes reportages, j’ai besoin de passer inaperçu, de ne pas interférer et de ne pas gêner.

01net : Alors pourquoi pas un Leica ?

Kaboul détruite, Afghanistan
Kaboul détruite, Afghanistan – Kaboul détruite, Afghanistan

Le Leica M9 est trop cher (Ndlr : 5 500 € le boîtier nu). Et si les résultats sont bons à 200 ISO, cela devient moins bon à partir 800 ISO. J’ai besoin de meilleures performances en termes de montée en ISO et je dois m’équiper avec un matériel à un prix plus raisonnable. Le contexte est très dur pour les professionnels, entre la popularisation de la photo – et le nivellement par le bas – et la baisse des budgets de la presse, l’argent est le nerf de la guerre. Pour moi, le Leica M9 est un bijou pour les fortunés.

01net : L’absence de zoom n’est-elle pas un handicap ?

Pas du tout ! Vous savez, j’ai 50 ans passés et j’arrive à un âge où on se rend compte qu’on a besoin de rien ou du moins de pas grand-chose. Je travaille uniquement avec des focales fixes : essentiellement avec un 35 mm et un 50 mm. J’ai bien un 28 mm pour les plans larges et un 85 mm pour les portraits mais ils sont au fond du sac. Quand je veux un autre cadre je bouge, je cherche un autre angle.

01net : Notre test a pointé plusieurs défauts, notamment un autofocus perfectible…

Un combattant anti-Kadhafi, Libye, 2011
Un combattant anti-Kadhafi, Libye, 2011 – Un combattant anti-Kadhafi, Libye, 2011

Mais aucun appareil n’est parfait et comparé au X100, Fujifilm a déjà fait pas mal de progrès ! Au début de ma carrière, on emportait plusieurs appareils parce qu’il y avait la limite de la pellicule. On rêvait de zoom 28-70 mm et 70-200 mm, d’autofocus, de sensibilités supérieures à 400 ISO, etc. Et aujourd’hui, tous nos rêves sont devenus réalité ! Les appareils sont tellement bons qu’ils font tous seuls les photos ! Ça ne fait pas le cadre, ça ne remplace pas l’enquête, le travail, le temps investi mais les images sont techniquement (exposition, etc.) excellentes. Si l’autofocus de l’appareil n’est pas le meilleur du monde, ce n’est pas grave puisque je le sais : je fais avec, je m’adapte. Il me suffit de connaître mon appareil. C’est comme travailler avec les focales fixes : les limites poussent à se surpasser, à soigner le travail.

01net : Pour ce premier reportage, vous êtes parti avec un autre appareil par sécurité ?

Pas du tout ! J’ai acheté deux boîtiers X-Pro 1 – au cas où il y en ait un qui tombe en panne -,les trois optiques disponibles, deux batteries supplémentaires, des cartes mémoire et c’est tout. J’aurais préféré un 35 mm plutôt que le 28 mm (18 mm F2 en focale nominale), un peu trop large à mon goût, mais je sais qu’il sortira l’an prochain. Avec le 28 mm et le 50 mm (35 mm F1.4), je couvre l’essentiel de mes besoins, et le 90 mm (60 mm F2.4) me servira peut-être pour les portraits.
Deux boîtiers et deux-trois optiques pour aller sur le terrain et Adobe Lightroom pour éditer et développer mes RAW sur mon ordinateur, je n’ai besoin de rien d’autre.

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Adrian Branco