Une nouvelle bataille démarre dans la guerre du chiffrement (« Crypto War »), cette fois-ci en Allemagne. D’après le magazine Der Spiegel, le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, souhaite contraindre légalement toutes les messageries instantanées à fournir sur demande le contenu des flux échangés, même s’ils sont chiffrés de bout en bout.
Son projet de loi, qui circule actuellement dans les ministères, veut que WhatsApp, Telegram, Signal, Wire et consorts soient soumis aux mêmes obligations que les opérateurs télécoms. Un tel accès aux données ne serait fourni qu’après la décision d’un juge. Les services en ligne des entreprises qui ne coopèrent pas seraient interdits d’opérer outre-Rhin.
L’Allemagne copie les Anglo-saxons
Avec un tel projet de loi, l’Allemagne emboîte le pas d’autres pays qui ont déjà voté des textes similaires, comme l’Assistance and Access Act en Australie (2018), l’Investigatory Powers Act au Royaume-Uni (2016) ou la loi anti-terroriste en Russie (2016).
Le projet de loi allemand ne précise pas comment un tel accès peut être mis en œuvre, surtout dans le cas d’une messagerie chiffrée de bout en bout. Il est probable que le gouvernement fédéral va s’inspirer des idées des gouvernements anglo-saxons.
Ces derniers ne veulent pas casser le chiffrement de bout en bout, mais contraindre les éditeurs à instaurer un accès parallèle invisible, par le biais d’une synchronisation des données sur un appareil contrôlé par les forces de l’ordre ou d’un membre fantôme dans les conversations.
Autre difficulté : comment contraindre des entreprises qui ne sont pas implantées dans le pays ? Interdire un service de messagerie est bien plus difficile qu’on ne le pense. En 2018, le gouvernement russe a tenté de bloquer Telegram en filtrant de manière brutale les adresses IP de ses serveurs. L’opération a dévasté des pans entiers du Web russe, sans réussir à faire taire la messagerie des frères Dourov.
Source : Spiegel
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