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Kuiper : la constellation de satellites d’Amazon dans la zone de turbulences

Pas encore lancé, le projet Kuiper a-t-il déjà du plomb dans l’aile ? Amazon espère rivaliser avec Starlink grâce à une constellation de satellites internet, mais la production prend du retard, les lancements sont décalés, et l’aval du régulateur américain — désormais dans l’orbite d’Elon Musk — s’annonce ardu.

Avec le projet Kuiper, Amazon veut basculer dans une nouvelle dimension et devenir un géant des télécommunications. Les premiers tests réalisés en octobre 2023 ont été couronnés de succès, mais le passage à la vitesse supérieure est plus compliqué que prévu. Bloomberg rapporte que plus d’un an après le lancement de la ligne de production près de Seattle, l’entreprise n’a assemblé qu’une poignée de satellites. Très loin des 1 600 unités à mettre sur orbite d’ici l’été 2026.

Amazon en retard sur son calendrier

Amazon parviendrait à peine à fabriquer un satellite par jour. C’est un sérieux problème : l’entreprise s’est en effet engagée auprès de la FCC, le régulateur américain aux communications, pour que la moitié des 3 236 satellites prévus soient opérationnels d’ici l’échéance. Bien sûr, le groupe peut toujours demander un report du délai : en temps normal, il s’agirait d’une formalité, mais nous ne vivons pas dans des temps normaux !

Elon Musk, qui est aussi le patron de SpaceX (et donc de Starlink), conseille le gouvernement américain sur bon nombre de choix stratégiques. Son influence pèse également sur la FCC, où Donald Trump a installé un proche, Brendan Carr, qui a récemment sommé l’Europe de choisir entre Starlink et la Chine pour son réseau d’accès à internet par satellites…

Lire Starlink ou la Chine, l’administration Trump somme l’Europe de choisir

Les analystes estiment néanmoins qu’Amazon devrait décrocher l’aval de la FCC pour ce report. Les problèmes politiques et réglementaires sont une chose, mais les soucis techniques en sont une autre.

Les difficultés de production sont toujours saillantes, en raison entre autres de pièces défectueuses fournies par des sous-traitants. Le groupe espère assembler cinq satellites par jour dans son usine, qui fonctionne désormais en continu, avec des équipes de nuit et des horaires étendus. Starlink produit six satellites par jour sur son site de Redmond, une cadence obtenue après des années de travail.

Dans son malheur, Amazon a pourtant de la chance. Un premier lot de 27 satellites devait décoller le 9 avril dernier, mais la mission a été repoussée au 28 avril en raison des conditions météorologiques. Le géant du commerce en ligne a réservé des lancements auprès de plusieurs prestataires — ArianeGroup, Blue Origin, ULA, et même SpaceX — mais les fusées ne sont pas toutes prêtes, ce qui ralentit davantage le programme. Amazon peut donc s’appuyer sur ces retards pour justifier la demande de report.

Malgré les vents contraires, c’est toujours l’optimiste qui prévaut. « Notre objectif principal est de livrer le service aux clients d’ici la fin de l’année », assure ainsi un porte-parole du groupe. Il faudra mettre les bouchées doubles pour y parvenir.

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Source : Bloomberg


Mickaël Bazoge