Révolution chez Accenture, société spécialisée dans le conseil en management. L’ex-Andersen Consulting ?”70 000 employés dans le monde et un chiffre d’affaires de près de 10, 9 milliards de dollars (12,9 milliards d’euros) sur les douze derniers mois?” va tout prochainement se frotter au verdict des marchés financiers. Pour son introduction au Nasdaq, la Bourse américaine des valeurs de croissance, l’entreprise espère lever 2 milliards de dollars.L’initiative a été favorablement accueillie par les 2 500 partenaires associés de la firme, lors d’un vote. Ces derniers n’ont sans doute pas été insensibles à la réussite de l’introduction en Bourse de KPMG Consulting. Celle-ci, dirigée début février par Morgan Stanley Dean Witter, a permis à la société de lever 2 milliards de dollars. Première dans le secteur du conseil, cette opération boursière est la plus spectaculaire depuis le début de l’année aux États-Unis. Et la plus importante réalisée par un groupe américain, depuis celle d’ATT Wireless, l’an dernier.La réussite de l’introduction de KPMG Consulting au Nasdaq et l’initiative récente d’Accenture traduiraient-ils une tendance de fond ? À l’évidence, oui ! On assiste, en effet, à un grand chambardement dans le secteur des sociétés de conseils ?” spécialement celles orientées e-commerce. Malgré le ralentissement économique, les entreprises américaines ont plus que jamais besoin d’être guidées dans ce nouveau labyrinthe.Le secteur du ” consulting au sens large ” (conseil en management, outsourcing, ou externalisation de la gestion et de la production de documents,ou encore architecture web) a le vent en poupe. La preuve ? Les résultats des six plus grandes sociétés de conseil (Accenture, Cap Gemini Ernst & Young, Deloitte Consulting, KPMG, IBM global Services et Price Waterhousecoopers). Au cours des deux dernières années, leurs revenus ont progressé de 30 % et les experts prévoient une augmentation de 10 % pour cette année. Néanmoins, pour parvenir à ces résultats et faire face à une concurrence féroce, elles ont dû modifier de façon spectaculaire leurs méthodes. D’où la multiplication des fusions, et les appels aux marchés.Le cas de KPMG Consulting est révélateur. Créée début 2000 et basée à McLean, en Virginie, la multinationale, qui se vante d’avoir bâti au moins 45 alliances stratégiques ?” notamment avec Cisco Systems, Microsoft, Oracle et SAP ?” a très bien négocié son parcours en Bourse, avec une hausse de 21 % depuis son introduction. Pourtant, KPMG Consulting n’est pas au bout de ses peines.
Évaluer le capital immatériel
Le c?”ur des activités de conseil en management du réseau KPMG est l’e-business. Sa vocation est d’offrir à la clientèle des réponses aux questions du type : comment obtenir le plus d’informations possible sur nos consommateurs à partir de nos banques de données ? L’entité, à l’origine filiale de la structure américaine de KPMG LLP, devrait absorber les équipes européennes dans le courant de cette année. Un des objectifs avoués de son introduction en Bourse est de disposer de liquidités suffisantes pour financer des acquisitions ou le financement de ” nouvelles méthodologies “.Ce type d’opération doit permettre à KPMG de prendre sa revanche dans son secteur de référence, notamment après l’échec du projet de fusion avec le réseau Ernst & Young qui s’est marié, depuis, avec Cap Gemini. Aujourd’hui, KPMG, avec un chiffre d’affaires de 2,4 milliards de dollars, se trouve, en effet, derrière Accenture (10,3 milliards), IBM Business Innovations (9,7 milliards), Cap Gemini Ernst & Young (7,9 milliards), Price Waterhousecoopers(6,6 milliards), mais bien devant Deloitte Consulting (1,9 milliard).Mais ces entreprises de conseil qui souhaitent ?”ou sont contraintes?” de faire appel aux marchés finan- ciers sont confrontées à un véritable casse-tête. Comment évaluer une entreprise dont la principale richesse est la matière grise des employés ? Autrement dit, comment peut-on valoriser un capital immatériel ? Une étude de la SFAF (Société française des analystes financiers) est intéressante à cet égard dans la mesure où elle montre que toutes les entreprises sont concernées par l’évaluation du capital immatériel. Un nouveau critère est d’ailleurs né : le Price Book Ratio (PBR), qui permet de rapporter la capitalisation boursière (le poids d’une entreprise en Bourse) à ses capitaux propres.
Attirer le personnel, et le garder
En apparence, ce ratio peut paraître banal. Mais, attention! Ce critère est en train de devenir la coqueluche des analystes financiers. Car, si on le compare à la valorisation d’une entreprise à partir de son chiffre d’affaires, il permet d’estimer la valeur de son capital immatériel. Ainsi, la SFAF souligne que “dès 1999, 50 % de la valeur des entreprises de l’indice boursier SBF 120 étaient constitués par des actifs immatériels.” Aujourd’hui ce chiffre atteint les 75 %.La tâche n’est pas simple pour une entreprise de conseil qui souhaite s’introduire en Bourse. Tom Frangione, analyste auprès de Metamarkets.com, fait observer que “ le conseil n’est pas le meilleur secteur dans une période de ralentissement économique“. En outre, KPMG Consulting a dû se séparer techniquement de KPMG de crainte que la SEC ?”le gendarme boursier américain?” ne perçoive un conflit d’intérêts entre les activités d’audit et de conseil de la compagnie. Autrement dit : peut-on conseiller ses actionnaires potentiels ?Autre difficulté : la présence de Cisco qui, à l’origine, devait posséder une participation de 20 % dans le capital. Certains investisseurs craignaient que la présence de l’équipementier dans le capital de KPMG Consulting ne vienne troubler l’opération du fait des mauvais résultats. Cisco avait accepté de réduire sa participation dans KPMG Consulting. Bientôt, KPMG LLP et ses associés détiendront 19,9 % du capital de KPMG Consulting, tandis que Cisco Systems restera au tour de table à hauteur de 9,9 %.
À l’image des start-up
Telle est bien la preuve que l’empreinte high-tech marque plus que jamais les cabinets de conseil. En modifiant leur façon d’opérer, ces sociétés ressemblent de plus en plus aux défuntes start-up à qui, avant leur débâcle, elles servaient d’incubateurs. Par exemple, plutôt que de payer à l’heure leurs employés, certaines d’entre elles ont recours à la ” carotte ” des options, qui a fait rêver tout ” dot-comer “. “La décision d’entrer en Bourse tient évidemment au désir de pouvoir offrir des options pour attirer et garder du personnel de valeur“, explique Randall Roth, un analyste du IPO Plus Fund.
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