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Klaus eierhoff, PDG de direct group bertelsmann : “Napster pourrait bien devenir un deuxième AOL”

Malgré de lourdes pertes, Bertelsmann poursuit son expansion sur le net. Le groupe devrait bientôt préciser sa stratégie commerciale pour Napster.

Internet ne semble plus être le leitmotiv de Bertelsmann. Y a-t-il un désenchantement chez vous aussi ? Absolument pas. Nous restons très optimistes. Internet a permis à Bertelsmann d’effectuer un grand pas en avant. Nous avons d’abord accumulé beaucoup d’expérience avec le lancement d’AOL Europe au milieu des années 1990. Ensuite, nous avons eu raison de vendre AOL, car nous n’avions pas l’intention de devenir un fournisseur d’accès. Enfin, nous avons eu raison d’investir dans l’e-commerce. La vente des produits médias en ligne et hors ligne est notre principal métier.Bertelsmann a quand même perdu 888 millions d’euros (5,82 milliards de francs) dans ses activités internet. Sans la vente de vos parts d’AOL Europe, ces pertes auraient plongé tout le groupe dans le rouge…Les pertes ont atteint cette année un point culminant. Une activité de commerce électronique enregistre ses plus grosses pertes au cours des deux ou trois premières années. L’activité doit s’approcher de l’équilibre lors de la quatrième ou de la cinquième année. Étant donné l’importance de notre engagement, il est normal que certains investissements ne réussissent pas. Mais beaucoup ont rencontré le succès. C’est le cas de BOL, notre site de vente en ligne, même si nous nous sommes concentrés sur quelques pays d’Europe et d’Asie.Mais vous avez récemment décidé de fermer BOL dans quelques pays, comme la France. L’expansion de ce concurrent d’Amazon n’a donc pas été réussie partout. Quelles erreurs avez-vous commises ? On ne peut pas parler d’erreurs quand on réa-lise 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en deux ans dans ce type d’activité. Il est vrai que nous avons surestimé le potentiel du marché dans deux pays scandinaves, en Espagne et en France. Mais dans les autres pays, nous poursuivons notre développement avec succès. Nous sommes numéro 1 aux Pays-Bas et en Suisse, deuxième en Allemagne et bien implantés en Chine. Par ailleurs, nous avons intégré BOL dans nos clubs de livres pour avoir une politique commerciale homogène. Les synergies obtenues et le développement des activités à forte croissance nous permettront de réduire considérablement les pertes l’année prochaine.Récemment, Pixelpark, votre agence web, a connu le premier grand conflit social de l’histoire du net en Allemagne. Bertelsmann croit-il encore à cet investissement ? Nous n’avons actuellement aucun intérêt à nous désengager de Pixelpark. Nous ne sommes pas contre un autre partenaire stratégique. Mais cela n’est pas à l’ordre du jour.Napster n’est toujours pas opérationnel : est-il mort ? Bien sûr que non. Les chiffres du mois de juillet dernier sont très rassurants. Alors qu’il n’est pas possible d’échanger des fichiers actuellement, Napster a enregistré 6,6 millions de visites. C’est davantage que toutes les autres plateformes réunies. La communauté Napster est encore bien vivante ! Quand le site reprendra-t-il ses activités ? D’après les informations que la direction de Napster a fournies, je suis très optimiste. Selon ses responsables, le démarrage de ses activités aura lieu dans peu de temps, avant la fin de l’année en tout cas.Comment comptez-vous rentabiliser la plateforme ? Nous pourrions imaginer un abonnement de quelques dollars par mois comme l’a proposé le PDG de Napster. La publicité sera également une source de revenu. Mais pour connaître la stratégie commerciale de Napster, il faudrait que vous vous adressiez à la direction américaine. Nous sommes dans la position du bailleur de fonds. Pour l’instant, nous n’agissons pas autrement qu’une banque. Mais je vous promets que vous en saurez plus avant la fin de l’année…Vous pariez sur les plateformes d’échange ? Qu’est-ce qui vous rend si optimiste ? Vous savez, le ” peer to peer ” n’est pas quelque chose de nouveau. Le principe a toujours existé. Lorsque j’avais 15 ans, j’échangeais déjà des morceaux de musique avec mes amis en reliant leurs magnétocassettes au mien. Le cordon a tout simplement été remplacé par l’ordinateur et le net. Nous dispo- sons d’un énorme potentiel de croissance car cette plateforme s’adresse à une communauté de dimension planétaire. Un peu comme les clubs de livres. N’oubliez pas que les clubs de livres sont les plus grandes communautés médiatiques du monde. Ils rassemblent plus de 40 millions de clients ! Napster a réussi une chose incroyable : installer son programme sur quelque 80 à 90 millions d’ordinateurs. Si cette communauté continue de vivre, je suis convaincu que Bertelsmann disposera d’un gigantesque potentiel. Napster pourrait très bien devenir un deuxième AOL.

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Propos recueillis par Christophe Bourdoiseau à Berlin