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Klaus Eierhoff (Bertelsmann): “Nous allons investir 23 milliards de francs d’ici à 2003”

Klaus Eierhoff, responsable du B-to-C, explique la nouvelle organisation du groupe de communication allemand autour d’Internet et livre les grandes lignes de sa stratégie.

Klaus Eierhoff, 45 ans, est le Monsieur Internet de Bertelsmann depuis bientôt trois ans. Il a commencé sa carrière dans le marketing chez Nixdorf Computer. Dans les années quatre-vingt-dix, il s’est chargé d’introduire le groupe de distribution Karstadt sur Internet. Chez Bertelsmann, il a succédé à Thomas Middelhoff, nommé président du groupe il y a deux ans.
Le programme d’investissement de Bertelsmann dans Internet dépasse largement celui mis en oeuvre par ses concurrents. Internet va bouleverser l’organisation de Bertelsmann. Le groupe vit-il un tournant important ?Le fondateur de Bertelsmann, Reinhard Mohn, a récemment confié à la nouvelle génération de dirigeants de l’entreprise qu’il avait l’impression de retrouver son entreprise au point de départ. Comme s’il fallait tout reconstruire. L’arrivée de ce nouveau média nous oblige en effet à repenser entièrement notre structure. Internet n’est pas une activité à part. Elle va s’intégrer à chacune de nos activités traditionnelles (livre, musique, vidéo, cinéma). C’est pourquoi nous supprimons notre domaine multimédia. Nous regroupons l’ensemble des activités de B-to-C (Clubs et e-commerce) sous ma responsabilité et nous créons une société, BeCG (Bertelsmann E-Commerce Group), qui doit devenir la marque électronique du groupe. Ce domaine sera l’un des trois piliers de Bertelsmann avec les contenus et les services.En cédant vos parts dans AOL Europe, vous avez donné l’impression que Bertelsmann reculait.Nous avons cédé nos parts dans AOL parce que nous n’avons pas l’intention de devenir un fournisseur d’accès. Nous avons constaté qu’il n’était pas nécessaire de posséder l’accès au Net pour diffuser notre production. D’autre part, AOL reste notre partenaire. Grâce à lui, nous atteignons directement plus de 200 millions de personnes à travers le monde.
Notre avenir s’inscrit dans le contenu et dans l’e-commerce.Quels sont vos projets ?Le groupe va augmenter considérablement ses investissements dans Internet. Notre prévoyons d’investir 23 milliards de francs en trois ans contre seulement 2,6 milliards de francs pour l’exercice 2000. Nous injectons plus d’argent dans le Net que Disney, Time Warner, Viacom et News Corp réunis.Votre idée est donc d’appliquer au Net les anciennes recettes qui ont fait le succès de Bertelsmann…Il s’agit en effet du principe des clubs de livres, comme vous le connaissez en France avec France Loisirs. C’est une excellente manière de fidéliser la clientèle. Nous avons prévu 1,7 milliard de francs pour la promotion des clubs sur Internet. Le principe du club universel, qui s’adresse aux personnes de 7 à 77 ans, est dépassé. Nous allons nous inspirer de notre expérience américaine des Communities. Ces clubs spécialisés s’adressent à des groupes bien identifiés (jardiniers du dimanche, pêcheurs, amateurs de jazz…). Nous avons déjà 20 clubs de ce genre aux Etats-Unis. Nous allons lancer fin octobre en Allemagne deux clubs du même genre, dont un en collaboration avec France Loisirs.Vous êtes en train de numériser l’ensemble de vos contenus, notamment les ouvrages en anglais de votre filiale américaine, Random House. Un marché existe-t-il pour cette activité ?La numérisation va révolutionner notre métier. Les livres pourront être constamment actualisés. La distance ne joue plus aucun rôle. Les livres seront toujours disponibles. Cela nous ouvre un marché gigantesque. Imaginez par exemple que vous recherchiez un conte de votre enfance qui n’est plus édité. Nous pourrons vous le fournir par Internet. Vous pourrez le lire immédiatement ou l’imprimer. Ce n’est qu’un exemple. Les besoins à travers le monde sont immenses.

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Christophe Bourdoiseau