O1 Réseaux : Comment avez-vous redressé l’ex-Bosch Telecom ?Péter B. Záboji : Bosch Telecom comptait 8 500 salariés, un véritable bibendum ! Le projet de restructuration était vraiment très audacieux, avec une révolution culturelle fondamentale à mener : il fallait détruire les hiérarchies et la bureaucratie sans se couper de nos clients. En parallèle, nous devions assurer le lancement de nouveaux produits, et procéder à des acquisitions comme celle de Micro Logica, un distributeur de call centers, une activité dont la croissance est de plus de 30 % par an. Les deux autres défis consistaient à nous transformer en une société de services véritablement européenne, et à faire en sorte que notre réseau de distribution commercialise aussi les PABX d’autres constructeurs.01 R. : Avez-vous rencontré des obstacles particuliers ?P. B. Z. : Il fallait éviter une possible “contre-révolution” de l’encadrement tout en taillant encore et encore dans les effectifs. Le défi consistait aussi à “faire accepter” cette nouvelle culture tout en supprimant les privilèges. Cela dit, il ne faut pas s’y tromper : même parmi les bureaucrates, les gens sont plus intelligents qu’on ne le pense.01 R. : Qu’est-ce que cela donne en termes de chiffre d’affaires et de résultats ?P. B. Z. : Malgré un environnement horrible, nous prévoyons un chiffre d’affaires stable d’environ 1 milliard d’euros en 2001, avec un résultat d’exploitation de 5 % à 6 %. Compte tenu de notre programme de restructuration et de la cession de quatre de nos cinq sites industriels, ce n’est pas si mal. Même KKR considère que c’est un bon résultat ! Pour le reste, tous les bénéfices de l’entreprise sont réinvestis dans Tenovis.01 R. : Que pensez-vous de la stratégie d’externalisation des sites de production adoptée par Alcatel ?P. B. Z. : Cela fait plusieurs années que la plupart des entreprises de télécommunications (Ericsson, Nokia ou Siemens) ont externalisé leur site de production. Pour Alcatel, j’étais étonné que cela n’ait pas été fait plus tôt. C’est même assez trivial ; il y a vraisemblablement un grand cabinet de conseil qui a dû leur souffler l’idée. Cela dit, il faut parfois conserver les sites spécialisés, même si une usine n’est, le plus souvent, qu’un lieu d’assemblage où la seule valeur ajoutée réside dans le contrôle de qualité.01 R. : Quel regard portez-vous sur la crise des grands équipementiers télécoms ?P. B. Z. : On peut ressusciter une entreprise de cinq mille personnes. Au-delà, on risque sa vie, et c’est presque “mission impossible“.
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