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Kitetoa: un groupe d’agitateurs de conscience à but non lucratif

Après avoir révélé les affaires concernant ZeBank, le Crédit Lyonnais et, plus récemment, Bull, Kitetoa, ou les anonymes ‘pizzaïolos du Web’, expliquent à 01net. les motivations de leur communauté libertaire.



01net. :
Vous avez fait beaucoup parler de vous ces derniers temps en révélant des failles dans les systèmes de sécurité de grandes entreprises. Mais qu’est-ce que Kitetoa ? Qui se cache derrière Kitetoa (1) ?
Kitetoa :
Kitetoa est toutes sortes de choses. C’est un pseudo qui sert à toutes les personnes qui écrivent des articles pour le site… du même nom. Ce site est une sorte d’auberge espagnole où nous publions des textes sur des tas de sujets. Pas uniquement sur l’informatique ou la sécurité des serveurs. Il y a de nombreux récits de voyages, des critiques de films, des papiers financiers, des articles ” politiques “…D’où vous est venue l’idée de créer ce site ?Un besoin de dire ce que l’on aurait voulu lire ailleurs… Plus sérieusement, le site est né à cause d’un fait particulier. Un SDF dans le VIIIe arrondissement de Paris s’était fait une sorte de ” maison ” autour d’une agence immobilière. Nous avons fait une photo de cette situation inacceptable et nous avons décidé de la publier sur Internet pour la dénoncer. Le site est né un soir d’octobre 1997 avec une page et cette photo. Elle est restée à droite de la page d’accueil du site.Défendez-vous une idée particulière de l’Internet ?Nous pensons qu’Internet est un formidable outil de communication. Une porte ouverte sur d’autres idées, d’autres visions du monde. Nous pensons également qu’il faut de tout pour faire un monde et, donc, de tout pour faire Internet. Ce réseau n’est qu’une photocopie du monde réel. Ne nous étonnons donc pas d’y trouver du sexe, des marchands, des voleurs et des gens merveilleux…Avec quels sites aimeriez-vous former un ring ?Aucun.Combien êtes-vous à faire vivre Kitetoa ?Le nombre de personnes qui écrit très régulièrement est assez faible. Et quant à ceux qui participent régulièrement (en proposant des infos ou des idées), ils sont environ une dizaine. Mais Kitetoa, c’est surtout un lieu de discussion et d’échange entre amis. Les idées des uns nourrissent les papiers des autres, les explications techniques des uns alimentent quelques articles écrits par d’autres. Certains ont été très actifs, comme la personne qui se chargeait des récits de voyages et des critiques de films ou de musique. Elle est en ” sommeil ” actuellement, mais reprendra du service plus tard. Bref, le contenu du serveur est le résultat visible de tout ce que peuvent apporter les gens qui se retrouvent autour du site.Qu’est ce qui vous pousse à rester dans l’ombre ?Nous ne recherchons ni gloire ni argent avec ce site. Si nous cherchions à nous faire connaître ou reconnaître, nous n’utiliserions pas tous le même pseudo. Si nous cherchions à gagner de l’argent, nous aurions des bandeaux publicitaires sur toutes les pages du site ou alors nous vendrions des prestations de conseil ou de sécurité… Ce n’est pas le cas. Alors pourquoi devrions-nous nous afficher ?Pourquoi dénoncez vous les failles de sécurité dans les systèmes des sociétés ? Pour le plaisir de faire parler de vous, dans un but pédagogique…Nous dénonçons des problèmes de sécurité complètement basiques. Ce que nous faisons (armés d’un simple browser), n’importe quel internaute pourrait le faire. Cela démontre le niveau de sécurité des serveurs des entreprises que nous épinglons sur le site… Ces sociétés se définissent généralement elles-mêmes comme des déesses de la (pseudo) nouvelle économie. Or elles ne maîtrisent visiblement pas ces technologies… Elles ne disent peut-être pas toute la vérité sur la qualité de leurs prestations… Nous aimons la vérité. Alors nous la publions.Jusqu’à quand continuerez-vous Kitetoa ? Jusqu’à sa vente à une multinationale pour quelques dizaines de millions ?Mouarf… Kitetoa est aussi un plaisir intellectuel. Si cela ne nous amusait plus, nous arrêterions. Nous invitons toutefois les multinationales à verser leurs millions sur un compte numéroté au Luxembourg et à nous contacter après. Heu… Non… Les millions ne nous intéressent pas. Ça vous étonne ?(1)
Etant donné la volonté des auteurs du site de conserver l’anonymat, nous avons réalisé l’interview par e-mail.

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Frantz Grenier