La petite ville de Tarragone en Espagne, après la mégalopole de Séoul, en Corée du Sud. Deux ans après son premier « EV Day », Kia a organisé la deuxième édition de son événement dédié à à ses nouveaux modèles électriques directement en Europe. « J’aime sa gastronomie, son vin et sa météo », plaisantait Ho Sung Song, le patron du constructeur, quand un journaliste espagnol lui demandait pourquoi avoir choisi la péninsule ibérique. Dans les faits, une raison plus pragmatique : « après la Chine, l’Europe est le marché le plus avancé en matière d’électrification » précisait le CEO.
Depuis 2011, la Corée du Sud et l’Europe partagent un accord de libre-échange qui les écarte de tous frais de douanes. Une aubaine pour Kia qui doit, aux États-Unis, se dépêcher pour y installer de nouvelles usines, à la venue de l’administration Trump, et une concurrence chinoise sur laquelle le constructeur coréen « ne peut rivaliser sur les prix », reconnaissait Ho Sung Song. En comptant sur de nouvelles usines en Corée et un premier site d’assemblage européen en Slovaquie, la gamme peut aujourd’hui s’agrandir. Mais il ne sera question ni de luxe ni de modèle à moins de 25 000 euros.
L’idée de Kia pour 2025 ? Miser sur la tranche des 30 000 euros et proposer trois nouveaux modèles : un EV2 en guise d’entrée de gamme, un fourgon PV5 pour les familles, les professionnels et les personnes à mobilité réduite, ainsi qu’un EV4 pour disposer d’une berline électrique. Le tout, en réduisant les coûts, quitte à revoir certains standards. Comme la marque nous avait préparé avec son EV3, il sera surtout question de proposer plus grand pour moins cher, avec des véhicules à l’autonomie électrique honorable. Un raisonnement partagé sur les trois modèles annoncés en ce début d’année pour élargir la gamme électrique de Kia.
EV2, abordable ne veut pas dire 25 000 euros
Avant de se tourner sur le PV5, qui représente certainement l’idée la plus créative de Kia pour son futur électrique, penchons-nous sur l’EV2. Le seul concept présenté à l’occasion du Kia EV Day 2025 concerne le modèle le plus abordable de la gamme, que nous aurions imaginé arriver sous 25 000 euros. Cela dit, la direction de Kia a tiré un trait sur cette ambition, en annonçant un prix légèrement au-dessus de 30 000 euros. Pas de quoi rivaliser avec des Citroën ë-C3 et autres Fiat Grande Panda, malgré une silhouette similaire avec des formes plus cubiques pour gagner en habitabilité dans un format pourtant compact.
Les économies de coûts sont déjà perceptibles sur le concept, dont les lignes de la carrosserie semblent très proches de ce que l’on trouvera en 2026, lorsque le modèle sera lancé. Cependant, l’habitacle semble vouloir montrer autre chose : des idées émergent pour maximiser l’espace en modulant la sellerie, pour ainsi créer un meilleur lieu de vie. La banquette arrière pourra ainsi se relever pour reculer au maximum les sièges avant. Des extensions d’assise pourront aussi être ajoutées sur les côtés des sièges avant, lorsque les portes seront ouvertes. Quelques éléments de démonstration sont visibles ci-dessous, sur les écrans lors des EV Day de Kia.
Cela dit, difficile d’imaginer que le choix des coloris, les matériaux et les portes à ouvertures antagonistes seront conservés sur la version définitive de l’EV2. Les idées qui traverseront le temps seront surtout celles qui participeront à l’économie de coûts, que ce soit avec l’emplacement des optiques sur la carrosserie, les parechocs en plastique ou le minimalisme global. Une recette qui doit permettre d’écouler 100 000 exemplaires du futur EV2, un premier objectif qui reste loin de ce que la marque peut enregistrer sur des modèles plus populaires, comme le Sportage (587 000 exemplaires vendus en 2024).
PV5, un fourgon aux multiples facettes
Plutôt que de suivre la tendance à lancer une voiture électrique à moins de 25 000 euros, Kia a imaginé un fourgon, qui lui ouvrira de nouvelles portes. Il s’appelle PV5, et il inaugure une nouvelle gamme « PVB », dans laquelle arriveront plus tard des PV7 et PV9. Pour le construire, la marque a annoncé une déclinaison de sa fameuse plateforme E-GMP, sur laquelle repose son l’EV3 et la Hyundai Ioniq 6. Elle s’appelle « E-GMP.S » et marquera les débuts de Kia sur le marché des fourgons, à l’heure où Renault a lancé Flexis avec Volvo, et que le monde des fourgons utilitaires et pour les familles a vu Volkwagen débarquer avec son ID.Buzz.
Pour gonfler les ventes en électrique, le Kia PV5 mise sur un argument loin du style ou des performances : il sera décliné sous de multiples versions, personnalisables à souhait. Le « Cargo », proposé aux entreprises, revendique jusqu’à 5,1 m3 d’espace, une hauteur de 1,815 mm et un seuil de chargement de 419 mm. La version Family s’attarde sur les familles, avec un PV5 imaginé comme un monospace. Passenger et Crew seront aussi des versions destinées au transport de personne, avec l’accent mis sur le confort pour « Crew », avec des configurations possibles façon navette, ou les rangées 2 et 3 se font face. À chaque fois, plusieurs options sont possibles, notamment pour ajouter plus ou moins de coffre.
D’autres versions arriveront, avec des silhouettes plus travaillées, comme ce sera le cas de Box Van, Drop Side, Light Camper, Freezer Box, ou encore Prime, une version plus luxueuse basée sur Passenger. Les premières versions présentées seront lancées dès le second semestre avec un prix de départ à 35 000 euros et une production en Corée. L’Europe est le premier marché visé, et Kia compte donc importer ses PV5.
Kia mentionne sa nouvelle architecture « PVB » comme open source, avec des capacités multiples. Celle qui a le plus attiré notre attention a été baptisée « WAV », pour « Wheelchair Accessible Vehicle ». Elle vise un marché que les spécialistes de la modification de véhicules se réservaient jusqu’à présent : celui des fourgons aménagés pour les personnes à mobilité réduite. En cherchant à limiter les coûts, Kia a donc présenté son PV5 « WAV » avec une rampe d’accès (pouvant supporter jusqu’à 300 kg) et un espace dédié à une chaise roulante, sur la deuxième rangée. « La population européenne vieillit », déclarait un responsable de Kia, non sans y voir un grand intérêt.
En cherchant à travailler avec le B2B, pour ses fourgons utilitaires, Kia a annoncé un partenariat avec Petit Forestier Group, spécialisé dans le transport réfrigéré. Mais ce n’est pas tout. Côté transport de personnes, le PV5 veut plaire aux chauffeurs, qu’il s’agisse des taxis ou des VTC. Ainsi, la marque annonçait à son EV Day un nouveau partenariat avec Uber. Le PV5 devra plaire par ses aménagements multiples, ses prix plus accessibles, mais aussi et surtout par sa dotation logicielles, alors que Kia s’est appuyé sur l’aide de Samsung, 42dot et Geotab pour dessiner de nouveaux outils numériques disponibles sur l’écran central.
En termes de design, le Kia PV5 reprend les mêmes codes que la gamme classique, en matière de signature lumineuse. Cela s’arrête là, car le reste du fourgon priorise la simplicité et les coûts de production bas. Pour atteindre 35 000 euros dans sa version d’entrée de gamme, il parie sur des matériaux très basiques, qui feront du PV5 un fourgon avant tout destiné aux professionnels. La version Passenger se présentera comme un monospace cherchant avant tout à emporter le plus grand nombre de personnes, plutôt que de choyer leur confort. Cela dit, l’autonomie annoncée s’avère plutôt bonne : jusqu’à 400 kilomètres d’autonomie, avec la plus grosse batterie disponible, de 71,2 kWh.
En reste, voici les caractéristiques techniques et les dimensions du nouveau Kia PV5 :
- Longueur de 4,695 mm
- Largueur de 1,895 mm
- Hauteur de 1,899 mm sans antenne et 1,923 mm avec antenne
- Capacité maximale configuration Cargo : 5,1 m3
- Deux choix de batterie (51,5 kWh ou 71,2 kWh) sauf sur version Cargo également disponible avec 43,3 kWh
- Recharge de la batterie de 10 à 80 % en 30 minutes
- Moteur de 120 ch, 250 Nm de couple
EV4, une berline à 600 kilomètres d’autonomie
La dernière idée de Kia pour une voiture électrique à 30 000 euros se nomme EV4. Attendue, la berline a dévoilé ses lignes quelques jours avant la conférence de ce 27 février en Espagne. La marque a décidé de décliner la nouvelle EV4 sous deux versions, de 4 à 5 portes, pour satisfaire les marchés européens et asiatiques. En Europe, seule la version 5 portes sera produite en Slovaquie, mais la marque compte importer des exemplaires 4 portes depuis la Corée. En matière de design, la face avant ne change pas entre les deux versions. Seule la partie arrière sera différente, avec un coffre de 490 litres sur la version 4 portes et 435 litres sur la version 5 portes.
Qu’il s’agisse des dimensions ou de l’autonomie, Kia vise clairement Tesla avec sa nouvelle EV4. Sans compter sur une architecture 800 volts (partagée par les EV6 et EV9) pour autant, la berline revendique une autonomie de 630 kilomètres en version Sedan. La carrosserie 5 portes aura une légère incidence sur l’autonomie avec 590 kilomètres d’autonomie annoncés. Pour proposer autre chose que l’EV3, Kia a évoqué « i-Pedal 3.0 », une nouvelle version de son système de freinage régénératif.
Sinon, nous retrouverons le dispositif à trois écrans à bord (12,3 pouces derrière le volant, 12,3 pouces et 5 pouces entre les deux). La nouvelle Kia EV4 sera compatible V2L, et disposera aussi d’un port de recharge de 100 W à bord, pour obtenir la recharge rapide d’un smartphone par exemple. Enfin, en matière de connectivité, elle sera la première Kia à obtenir des mises à jour OTA (over the air), notamment pour accéder au nouveau Kia Connect Store et son nouveau « Feature on Demand ».
Selon nos premières impressions, Kia a cherché à jouer la carte de la simplicité sur son EV3 à bord, où l’accent sera mis sur le confort et non les aspects pratiques, comme le sera certainement l’EV2. Cela dit, certains éléments de l’habitacle trahissent le soin ambiant. Dans le prolongement de l’accoudoir central, un plastique de très mauvais goût habille le support de rangement et des boutons, dont le frein de parking et le raccourci vers la caméra de recul. Un plastique très poreux et rêche, qui marque très vite et qui sera très désagréable au toucher.
Le constat ne concernait que la version de la finition 4 portes présentée par Kia, alors que la version 5 portes disposait d’une finition plus agréable, avec un choix de coloris plus doux et des plastiques moussés.
Si la berline EV4 démarre à un prix légèrement au-dessus de 37 000 euros, Kia la place ainsi 2 000 euros plus chère qu’une EV3, à partir de 35 990 euros. Évidemment, les meilleures finitions dépasseront facilement les 40 000 euros, tout comme la version disposant de la grosse batterie. Basée sur la plateforme E-GMP, inaugurée par les EV3 et autres Hyundai Ioniq 6, la Kia EV4 sera disponible avec un accumulateur de 58,3 kWh ainsi que celui de 81,4 kWh. Quant à ses dimensions, elles sont de 1 485 mm en hauteur, 4 430 mm en longueur, 1 860 mm en largeur. L’empattement est de 2 820 mm.
Face à la concurrence, une Tesla Model 3 reste plus grande (4,69 m) tout comme une Volkswagen ID.7 (4,96 m). La Kia EV4 sera néanmoins plus grande qu’une Renault Mégane électrique ou qu’une Volkswagen ID.3.
Kia en 2025 : comptez aussi sur une EV6 restylée
Le reste du calendrier du constructeur coréen intègre d’autres nouveautés électriques en 2025, qui n’ont pas été mentionnées lors des EV Day du constructeur. Parmi elles, le restylage de la EV6, élue voiture de l’année en 2022 et premier modèle électrique de la nouvelle gamme spécifique chez Kia. Cette version restylée a déjà été présentée lors du Mondial de l’automobile de Paris 2024, mais n’est pas encore apparue sur le marché. Celle-ci est prévue au cours du premier semestre avec deux nouvelles batteries pour passer respectivement de 58 à 63 kWh et de 77,4 à 84 kWh.
Plus important pour les ventes de Kia à court terme, un nouveau Sportage arrivera dans la gamme et il s’agira de sa cinquième génération. L’idée, sans surprise, sera de peaufiner son design pour le rendre plus proche de celui des nouveaux modèles, et partager plusieurs de leurs pièces, notamment dans l’habitacle. Sous le capot, on aura toujours droit à des hybrides et hybrides rechargeables. Le modèle 100 % électrique sera représenté plus tard par une nouvelle Kia EV5, petite soeur de l’EV9. Enfin, Kia se penchera aussi sur une nouvelle Stonic.
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