01net : Vous attendiez-vous à ce que Microsoft mette fin a votre partenariat ?Keith Teare : Ils en ont toujours eu la possibilité, le contrat que nous avions signé en mars 2000 devant être renégocié tous les deux ans. Mais je ne pensais pas qu’ils le feraient. Microsoft, actionnaire à 20 % de RealNames, nous parlait de stratégie à long terme, et non de mettre fin au service de nommage. L’argent n’était pas un problème. Notre chiffre d’affaires a augmenté sur les trois derniers trimestres. Notre cash-flow est même positif.Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi Microsoft est-il devenu hostile à RealNames ?Microsoft aura au moins été honnête avec nous à ce sujet. RealNames a bâti un solide réseau de distribution avec les registrars [les sociétés d’enregistrement de noms de domaine, NDLR], qui commençait à échapper à leur contrôle. Ils ont donc fait le choix de privilégier leur propre moteur de recherche, où ils contrôlent les données et 100 % des revenus.Pourquoi ne pas leur avoir proposé de participer à ce réseau de distribution ?Microsoft ne nous a jamais proposé de nous acquérir, ou de s’intégrer à notre réseau. De plus, même avec une meilleure opinion de RealNames, les évènements de Washington D.C. [le procès antitrust Microsoft, NDLR] les obligent à se montrer moins ambitieux sur Internet. Ils font d’ailleurs marche arrière sur .Net, en réduisant les ambitions de Passport.Ne pensez-vous pas que Microsoft a raison ? Si la compagnie annonçait le projet de revoir le système de nommage sur Internet, elle essuierait un violent tir de barrage, non ?Parce qu’elle voudrait le contrôler. Une telle initiative serait très bien accueillie si Microsoft en confiait la gestion à une tierce partie comme RealNames. Il y a un débat très virulent au sein de Microsoft entre ceux qui veulent bâtir des architectures permettant l’émergence de standards sur Internet et ceux qui veulent reproduire le modèle Windows sur le Web. Aujourd’hui, Microsoft veut conserver le contrôle des infrastructures Internet.Avez-vous essayé de passer un accord avec des sociétés comme Yahoo! ou AOL ?Tous nous ont répondu qu’ils ne voyaient pas comment notre technologie pourrait réussir sans le soutien du navigateur Microsoft. Internet Explorer représente 90 % du parc installé. C’est la passerelle vers tous les contenus.Si vous deviez créer une nouvelle start-up Internet, vous rendriez-vous à nouveau dépendant de Microsoft ?J’aimerais pouvoir répondre non. Mais Microsoft exerce une totale domination. Si vous voulez bâtir une nouvelle architecture sur Internet, vous devez passer par Microsoft.
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