Passer au contenu

Kamala Harris peut-elle séduire une Silicon Valley tentée par Trump ?

Le retrait de Joe Biden au profit de Kamala Harris change la donne dans la campagne présidentielle : une partie de la tech américaine, qui s’était détournée du président actuel des États-Unis, pourrait soutenir la presque candidate démocrate. Reste que certains attendent des clarifications sur son programme dédié à la tech et à la Silicon Valley.

Kamala Harris, la presque candidate démocrate à la présidentielle américaine, va-t-elle davantage réussir à séduire la Silicon Valley que Joe Biden ? Sans être encore tranchée, la réponse à cette question serait en bonne voie de devenir positive. « Beaucoup de choses ont changé en 48 heures (depuis le retrait de Joe Biden, NDLR). Il y a un véritable changement de dynamique dans la Silicon Valley », estimait mardi 22 juillet Aaron Levie, PDG de la société Box et donateur démocrate, sur son compte X.

Et cela est loin d’être une surprise : si nous étions déjà revenus sur le peu d’enthousiasme qu’un Joe Biden vieillissant suscitait chez les leaders et cadres de la tech américaine, y compris démocrates, la possible candidature d’une native d’Oakland (Californie), décrite comme une « amie de longue date de l’industrie des nouvelles technologies » par Axios, pourrait changer la donne. En particulier dans un contexte où plusieurs figures de la Silicon Valley se sont rangés derrière Donald Trump, à l’image d’Elon Musk.

À lire aussi : Pourquoi une partie de la tech américaine penche-t-elle vers Donald Trump ?

Une partie de la tech attend le programme de Kamala Harris

Signe de ce changement de dynamique : après le retrait de l’actuel président des États-Unis, les appels des figures démocrates de la tech à soutenir Kamala Harris se sont multipliés. Dans le passé, celle qui a été procureure de San Francisco, procureure générale de Californie puis sénatrice de cet État était déjà parvenue à convaincre de grands noms de la tech de s’engager à ses côtés. Lors de ses précédentes campagnes électorales, les dirigeants d’Airbnb, d’Apple, de Yahoo ou de Google ont soutenu la femme politique.

Et depuis dimanche, jour du retrait de Joe Biden, des donateurs démocrates de la Silicon Valley auraient déjà rempli plusieurs chèques. Ces derniers seraient bien plus enthousiastes à l’égard de celle qui pourrait devenir officiellement la candidate du parti démocrate, qu’à l’égard de Joe Biden. Outre Reid Hoffman, le cofondateur de LinkedIn qui soutient sur X « du fond du cœur Kamala Harris et sa candidature à la présidence des États-Unis dans notre combat en faveur de la démocratie », Reed Hastings, le PDG de Netflix, a rejoint le camp Harris, un chèque de 7 millions de dollars à la clef. L’ancienne directrice des opérations de Meta, Sheryl Sandberg, a aussi déclaré sur Instagram être « ravie » de soutenir Kamala Harris.

Depuis plusieurs jours, les alliés du secteur de l’actuelle vice-présidente américaine – comme Reid Hoffman et Ron Conway, investisseur dans le secteur technologique – ont d’ailleurs lancé une véritable opération de lobbying, en coulisses. L’objectif : convaincre les donateurs du secteur de soutenir sa candidature à la présidence, plutôt que celle de Donald Trump. Selon CNBC, cette campagne serait en bonne voie de récolter près de 100 millions de dollars.

À lire aussi : Donald Trump choisit un ancien de la Silicon Valley comme vice-président

Mais un certain nombre d’entre eux attendraient d’en savoir davantage avant de se prononcer. Ils espèrent que la presque candidate en dise un peu plus sur son futur programme, rapporte Politico. Ses futures positions sur l’immigration hautement qualifiée, la taxe des plus-values non réalisées et la façon dont elle souhaite réglementer l’IA et les cryptomonnaies, seront particulièrement scrutées dans la Silicon Valley.

Un positionnement encore flou de la future candidate

Il faut dire que le positionnement de l’ancienne procureure générale de Californie à l’égard des géants du numérique, décrit comme ferme, sans être radical, a été parfois ambivalent. Plutôt que de plaider le démantèlement des Big Tech, la femme politique a défendu la régulation, à des fins de protection des consommateurs et de leur vie privée. La quinquagénaire n’a pas hésité à être particulièrement sévère avec Facebook lors du scandale de Cambridge Analytica. Mais en même temps, elle n’a pas empêché le rachat d’Instagram et de WhatsApp par Meta, le groupe de Mark Zuckerberg. Elle a questionné durement la numéro 2 d’alors, Sheryl Sandberg, au Sénat américain, mais elle a décidé de ne pas se joindre à une action antitrust contre Google… tout en luttant contre le « revenge porn ».

Si cette dernière a « tissé des liens très étroits avec l’industrie californienne des grandes technologies, beaucoup de choses ont changé au cours des quatre dernières années », résume Jeff Hauser, directeur exécutif du Revolving Door Project, dans les pages du Time. En d’autres termes, Joe Biden et sa volonté de davantage réguler et poursuivre les Gafam sont passés par là.

À lire aussi : Procès contre Google aux États-Unis : un tremblement de terre au pays de l’antitrust ?

Mais pour nos confrères d’Axios, Kamala Harris, qui a tenté de rassurer ses donateurs cette semaine en affirmant qu’elle était bien une « capitaliste », aura dans tous les cas « un ton plus amical (que Joe Biden) à l’égard des entreprises de la tech ». Elle ne devrait pas arrêter les poursuites des géants de la tech initiées sous Biden, notamment sous l’égide de l’antitrust, mais sans aller jusqu’à la sanction ultime : leur démantèlement.  

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Stéphanie Bascou