Le rachat par Juniper d’Unisphere, filiale de Siemens, dépasse le cadre d’une simple acquisition(*). Il illustre la profonde mutation du marché des réseaux. D’abord, par le montant de la transaction : 740 millions de dollars, dont environ la moitié en cash. Il aurait été probablement deux à trois plus élevé il y a deux ans. Ensuite, il montre l’abandon partiel des ambitions dans le domaine de l’IP, affichées à partir de 1999 par des grands des télécoms. Il était alors question pour des Siemens, Ericsson ou Alcatel de se mesurer aux grands du routage, comme Cisco. Aujourd’hui, ce dernier et Juniper apparaissent plus forts que jamais dans ce secteur. Ericsson a déjà choisi sa stratégie en nouant des partenariats avec Juniper. Nortel joue également la carte Juniper. Alcatel est le seul, pour le moment, à maintenir le cap de l’IP. Siemens, qui prend 10 % dans le capital de Juniper, distribuera les produits de ce dernier.
Deux gammes de produits à gérer
Le géant allemand justifie ce revirement en affirmant que “l’accord avec Juniper permettra à Siemens de disposer d’une offre unique de solutions de convergence IP, ainsi que d’une gamme complète de routeurs IP”. Pour Juniper, cette opération paraît prometteuse. Le marché de l’accès se diversifie, et ses routeurs M5 et M10, ou même M40e, étaient plus des équipements de c?”ur de réseau aux performances limitées que de véritables produits d’accès. Avec Unisphere, il se renforce dans ce domaine.Mais Juniper devra dorénavant gérer deux gammes de produits et mettre entre parenthèses l’argument phare que toutes ses machines ont le même logiciel (Junos). “Chaque ligne de produits est parfaitement adaptée à sa mission”, préfère souligner Richard Brandon, directeur marketing pour l’Europe. Quant à savoir si les deux systèmes d’exploitation vont converger, “il est trop tôt pour le dire”, conclut-il.(*) Quelques semaines avant la cession, Siemens avait réintégré toute l’activité voix sur IP d’Unisphere dans sa division Surpass.
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