Depuis deux ans, le marché des télécoms se creuse toujours plus. Jusqu’à quand cela va-t-il durer ?Je crois que l’on a atteint le fond. Les opérateurs ne peuvent pas geler éternellement leurs investissements. Dans les mobiles, la qualité de service se dégrade, et ils devront augmenter la capacité de leurs réseaux. Dans le fixe, avec l’arrivée de l’ADSL, il leur faudra faire face à cet afflux de trafic. Les équipementiers auront alors une bouffée d’oxygène. Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain.Après cette crise, plus profonde que prévue, quelle sera la situation des équipementiers ?On va assister à un vaste mouvement de consolidation, mais sous l’angle de la spécialisation. Des généralistes comme Alcatel ne pourront survivre en conservant leur organisation. Il leur faudra choisir des activités sur lesquelles se concentrer et se séparer des autres. Elles seront acquises par ceux qui en auront fait leur métier. A titre d’exemple, chez Alcatel, le volet mobiles, qui reste mineur, pourrait être racheté par un Nokia. Dans cette optique, les accords entre Siemens et Motorola ont un sens : l’un misant plutôt sur les infrastructures, et l’autre sur les terminaux. C’est ainsi que l’industrie devrait évoluer, par des accords entre spécialistes, pour fournir un système complet.Quel avenir pour les opérateurs ?Là aussi, on assistera à un vaste mouvement de concentration. Et les grands opérateurs généralistes, comme les anciennes administrations des PTT, devraient se transformer. Il y a aura une scission entre les opérateurs d’infrastructures et les fournisseurs de services. Les premiers ne devraient plus être que deux ou trois à l’échelle mondiale et autant par grandes régions géographiques. En quelques années, le prix de la bande passante a été divisé par huit. Ils ne pourront tous survivre. En fait, dans les télécoms, le monopole est une notion naturelle. Mais on veut avoir le choix. Pour autant, il ne faut pas croire que plus il y a d’acteurs, plus la concurrence est vive. Mieux vaut une poignée de concurrents forts qu’une armée de faibles, dominés par l’un d’eux. Les organes de réglementation devraient garder cette idée à l’esprit.Et pour les fournisseurs de services ?La diversité devrait être plus grande, car l’éventail est très large. Ils seront les intermédiaires entre les fournisseurs de contenu et les opérateurs d’infrastructures. Ce seront avant tout des sociétés de marketing, dont le métier sera de concevoir des services, de les vendre et de fixer les tarifs. Mais ils externaliseront d’autres activités, comme la facturation ou même les relations clients, voire les centres d’appel. Pour les décrire, j’aime faire l’analogie avec les supermarchés : ils vendent nombre de produits qu’ils ne fabriquent pas eux-mêmes.Côté technologie, qu’est-ce qui caractérise notre époque ?C’est l’indigestion de technologies. Cela gêne les utilisateurs professionnels, qui hésitent à s’engager. Face à cette complexité grandissante, ils vont de plus en plus externaliser des activités. Une banque pourrait, par exemple, sous-traiter la maintenance de son réseau de distributeurs de billets. Pour le grand public, il faudra en venir aux offres groupées afin de faciliter la mise en ?”uvre et l’usage des nouveaux produits.Et dans le sans-fil, comment rivaliseront Wi-Fi et la 3G ?Je crois qu’en termes de transmission de données, la 3G (troisième génération) sera décevante, car elle n’offrira pas un débit suffisant. Wi-Fi s’imposera dans les hotspots (lieux publics dotés de réseaux sans fil), comme les aéroports, les hôtels ou les centres de congrès où travaillent les professionnels en déplacement. Ils y retrouveront un réseau local quasi semblable à celui de leur entreprise.
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