Ils s’appellent Steven Brill, Gordon Crovitz ou Ken Ficara, ils viennent du Wall Street Journal, ils ont enseigné le journalisme ou créé une chaîne de télévision (Court TV). Et ils ont décidé que l’information payante sur Internet est l’avenir de la presse en ligne. Voire de la presse tout court, au rythme où les journaux papier disparaissent actuellement aux Etats-Unis.
Leur solution ? Lancer JournalismOnline, une plate-forme d’agrégation de contenus à l’échelle mondiale, qui recensera et fera payer aux lecteurs les plus motivés (fortunés ?) l’information produite par des centaines de sites affiliés, situés pour l’heure en Amérique du Nord et en Europe.
Les responsables du projet ont annoncé jeudi 13 août 2009 avoir déjà signé des lettres d’intention avec 506 journaux et magazines (dont 176 quotidiens) représentant une audience globale sur Internet de 90 millions de visiteurs uniques par mois.
Cinq à dix millions de dollars de revenus par an ?
Pour séduire le lecteur, ils promettent, sans plus de détails aujourd’hui, la mise en place d’une solution de micropaiement novatrice et paramétrable. Mais le plus séduisant, ou le plus divertissant c’est selon, tient dans l’exemple de modèle économique délivré à ce stade par les responsables de JournalismOnline.
En tablant sur un revenu annuel par abonné oscillant entre 50 et 100 dollars, les nouveaux gourous du payant sur Internet se font plaisir et s’appliquent à flatter le portefeuille de leurs futurs affiliés. Ainsi, suivant les projections actuelles, un site disposant d’une audience d’un million de visiteurs uniques par mois et qui parviendrait à convaincre 10 % de ses lecteurs de passer au payant pourrait retirer entre 5 et 10 millions de dollars par an de sa fructueuse collaboration avec JournalismOnline. C’est simple, c’est imparable et c’est à se demander pourquoi personne n’y a pensé plus tôt.
Ecoutons la bonne parole de Steven Brill, délivrée lors d’une conférence le 17 juin dernier à New York : « Par exemple, nous pourrons mettre en place une offre globale de lecture, grâce à laquelle l’internaute pourra accéder à tous les contenus produits par nos affiliés pour 30 dollars par mois. Ou simplement un abonnement à 10 dollars s’il souhaite lire tout ce qui paraît sur son club de base-ball favori, les Chicago Cubs. Les revenus générés seront par la suite divisés et reversés aux éditeurs affiliés au prorata des pages vues comptabilisées. »
Le retour d’un « journalisme sérieux et de qualit頻
Le talon d’Achille du projet réside bien évidemment, à ce stade, dans l’absence quasi-totale de réflexion sur la nature du contenu à proposer en accès payant. Car au-delà de quelques incantations de pure forme sur le grand retour du « journalisme sérieux et de qualité » en ligne… d’idées neuves on ne trouve pas.
Et si le passage à l’information payante sur Internet est, comme le montre dans son dernier ouvrage le journaliste Bernard Poulet, dans l’air du temps, cela ne fait pas tout. Le lecteur reste toujours en attente de contenus et de services à très forte valeur ajoutée pour lesquels il jugerait bon de dépenser ses sous.
Rupert Murdoch, propriétaire entre autres du Times de Londres et du Wall Street Journal, vient à son tour de sonner le tocsin du payant. Après sa « brillante » réussite dans MySpace, le magnat a décrété que la gratuité avait fait son temps et que ses sites de presse seraient bientôt payants. Il a décidé de tester tout prochainement cette nouvelle approche sur l’édition en ligne du Sunday Times, qui n’en demandait peut-être pas tant.
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