Difficile de tirer un bilan de l’emploi informatique en 2005. La situation est paradoxale : d’un côté on recrute, de l’autre on supprime des emplois. La reprise, même timide, du marché a poussé cette année les
SSII et les éditeurs à embaucher.Les projets informatiques ont redémarré après deux années noires de réduction des coûts, ce qui a engendré d’importants programmes de recrutement. Résultat : près de 30 % des offres d’emploi cadre émanent cette
année, pour l’Apec, du secteur informatique. Et 30 000 emplois bruts auraient été créés au premier semestre 2005, selon Syntec.Ingénieurs d’études, consultants métier, développeurs, chefs de projet, mais aussi architectes et commerciaux, sont très recherchés. Une différence par rapport à l’année 2004, pendant laquelle seuls les profils très
qualifiés étaient recrutés. En 2005, les candidats ont eu beaucoup plus de chance. Ils sont aussi jugés sur leurs compétences et leur personnalité.En pleine expansion, certaines SSII ont embauché massivement pour atteindre une taille critique. Celles qui se restructurent recrutent aussi, comme Altran, même si la société a dû dégraisser dans ses 220 filiales réparties dans le
monde.
Un été meurtrier chez les géants
Mais tous ces recrutements n’effacent pas pour autant l’ambiance morose des fournisseurs, chez qui les suppressions de postes s’accélèrent. En début d’année, Oracle a prévu 5 000 suppressions
d’emplois, en grande partie chez Peoplesoft. Et Sun annonçait en février une réduction de 3 600 postes, soit 10 % de ses effectifs.Mais c’est l’été 2005 qui a été le plus meurtrier, témoin de sérieux mouvements sociaux tant dans les SSII que chez les fournisseurs. IBM a ainsi
provoqué un mouvement de grève en annonçant 13 500 suppressions de postes en Europe. Du jamais vu.Les manifestations contre
les licenciements prévus chez HP se sont multipliées en Ile-de-France et dans la région Rhône-Alpes. Même les hommes politiques français se sont mobilisés. Car la France, concernée à
hauteur de 1240 postes, paye un lourd tribut. Ce n’est d’ailleurs qu’après de rudes négociations que près de 300 emplois ont pu être préservés.Au final, l’été 2005 aura été aussi noir que l’été 2003. Mais pas pour les mêmes raisons. Il y a deux ans, les dégraissages chez les géants étaient liés à la crise et à l’intégration de sociétés rachetées (PWC pour
IBM, et Compaq pour HP). Aujourd’hui, la conjoncture est moins difficile pour IBM et HP, qui ne sont pas dans une si mauvaise situation économique.Par ailleurs, les délocalisations offshore s’accélèrent et les métiers informatiques s’industrialisent. Du coup, les métiers de l’assistance technique, de la maintenance et de la production
informatique sont les plus touchés en Europe. Editeurs, constructeurs et opérateurs ont donc embauché cette année au compte-gouttes. Et, sans surprise, aucun ne communique ses prévisions de recrutement pour l’année 2006.La conséquence : les observateurs du marché de l’emploi informatique prévoient une guerre des talents pour ces prochaines années. Les profils très pointus ?” Java, J2EE, PGI, business
intelligence… ?” seront très recherchés. Les fournisseurs, devenus plus exigeants, augmentent déjà la pression sur le recrutement de commerciaux et de consultants. Dès lors, les recruteurs vont être confrontés à trois
problématiques : la pénurie de ces profils, le départ massif des informaticiens seniors, et la désaffection des filières informatiques par les jeunes. Le marché pourrait donc, une nouvelle fois, s’ouvrir.
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Le journal de l’année 2005.
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