Comment les technologies de l’Internet transforment-elles les métiers liés à la recherche de l’information ?Sans les agents intelligents, les interfaces homme-machine évoluée ou les logiciels de classement et de présentation de l’information, ces métiers ne sont plus réalisables aujourd’hui. A une question comme
‘ quelles sont les réactions de la concurrence à la sortie d’un nouveau produit ? ‘, l’analyste va réaliser un état du marché, mais il va également tenir compte de l’historique et des possibilités
d’évolution des tendances observées. C’est un travail différent de celui du documentaliste traditionnel, même si ce dernier peut faire, lui aussi, de la bibliographie prospective. Ce travail consiste à interpréter des résultats en contextualisant
les informations recueillies afin de caler ses réponses sur les questions qui lui ont été posées. C’est un travail de distillation de l’information.Ces transformations justifient-elles l’appellation d’‘ infomédiaire ‘ plutôt que de ‘ veilleur ‘, donnée à cet analyste qui utilise les
méthodes de renseignement classiques des militaires ?Recherche d’information, analyse, croisement et synthèse sont en effet les méthodes des militaires, appliquées pendant des siècles dans la tactique, la stratégie et le renseignement. Mais si l’infomédiaire croise effectivement des
informations et effectue des synthèses, ses méthodes ont grandement évolué avec les technologies de l’Internet. Entre la recherche d’information à la main et la synthèse orale, un saut quantitatif a été réalisé. Ce saut a eu un effet
qualitatif : le fait de passer, par exemple, d’IP à IPV6 a fait entrer du qualitatif dans la recherche et la compréhension de l’information. Et des choses impossibles auparavant sont devenues possibles.La maîtrise des technologies de recherche de l’information est donc indispensable ?Si on ne sait pas utiliser les derniers moteurs de recherche, et surtout si l’on n’est pas capable de mettre en commun les différents outils de contextualisation et de personnalisation de l’information, il est impossible d’exercer ce
métier.Ces outils ne demandent-ils pas des compétences qui vont au-delà du simple savoir-faire d’utilisateur ?Il est vrai qu’il n’est plus possible aujourd’hui de suivre l’évolution d’un marché sans outils de représentation des espaces complexes. Il faut savoir aussi utiliser les informations rapportées par les agents intelligents. Et donc
être en mesure d’utiliser les systèmes relevant de la dynamique des réseaux.En s’attaquant aux environnements complexes, ces outils sont-ils d’un usage spécifique au monde de l’intelligence économique et stratégique ?Non. Mais ils relèvent tous du monde des réseaux et de l’Internet. Ils incluent les travaux effectués actuellement par le W3C autour du web sémantique. Ils font appel aussi aux recherches menées sur le langage XML pour faciliter les
exportations entre bases de données. Ici, l’objectif est d’être en mesure de traquer une information de serveurs en serveurs afin de créer ce que l’on pourrait appeler une intuition de l’Internet. On ne sait pas où se trouvent les informations, mais
on sait qu’elles vont permettre d’établir des corrélations qui vont à leur tour suggérer d’autres questions. Je range également dans cette logique les technologies du ‘ grid computing ‘, du
‘ peer to peer ‘ entre agents et les services web qui permettent d’échanger des informations d’entreprise à entreprise grâce aux agents intelligents. Cybion a d’ailleurs créé un portail d’agents
intelligents.Comment ces technologies se complètent-elles ?Je pense que, grâce au grid par exemple, des agents intelligents vont faire du ‘ peer to peer ‘, sans notion de localisation. Ils feront du trading d’information entre eux.Tous ces outils sont-ils donc le moyen de se placer entre la macro et la micro-économie, terrain privilégié pour discerner les informations susceptibles de déboucher sur l’action opérationnelle ?En proposant des représentations de la complexité, ces outils contribuent effectivement à la création d’informations opérationnelles. Mais savoir comment passer de la représentation à l’action relève du knowledge content management
(KCM). Les entreprises génèrent de plus en plus d’informations qui se sédimentent dans des bases de données. Associées aux outils de représentation, certains font alors appel au corporate process management (CPM) pour rendre ces données
opérationnelles. Je n’y crois pas. Ce concept me rappelle celui d’executive information system (EIS) des années 70, qui n’a rien donné. Je ne crois pas à l’automatisation.Quelle possibilité reste-t-il alors ?Je crois à la relation humaine. Je pense que l’interface humaine est et restera déterminante.
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