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Comment fonctionnent les laboratoires de Sun ? Jim Mitchell : Nos centres de recherche sont, tous les trois, situés à proximité d’un campus d’ingénierie, afin de faciliter les transferts de technologies : le plus important se trouve dans la Silicon Valley, le deuxième à Burlington sur la côte Est [des Etats-Unis], et le plus récent a ouvert fin 2000 en France, à Grenoble.Chaque projet est mené par une équipe de petite taille : en général, de 3 à 5 personnes pour les projets logiciels, qui sont les plus nombreux ; et souvent davantage pour les aspects matériels, en particulier, jusqu’à 35 personnes pour de gros projets [NDLR : au-delà cela crée des problèmes de management]. A titre d’exemple, l’équipe à l’origine de Java ne comportait que 7 membres.Quel budget Sun attribue-t-il à ses travaux de recherche ?Nous ne communiquons pas notre budget de recherche. Pour donner un ordre de grandeur, l’ensemble de nos activités de recherche et de développement représente environ 12 % du chiffre d’affaires [NDLR : Sun a réalisé un CA de 12,5 milliards de dollars pour son année fiscale 2002, en baisse de 32 % par rapport à 2001].Pouvez-vous donner quelques exemples de domaines sur lesquels travaillent les chercheurs ? De nombreux travaux tournent autour de Java, comme vous pouvez vous en douter. Nous développons notamment de l’expertise en matière de ramasse-miettes, et un support de Java au niveau matériel. Par ailleurs, un petit groupe a contribué à la publication en open source de fonctions de reconnaissance vocale et de text-to-speech en Java. Dans les deux cas, la version Java, réalisée en reprenant le code source en C ou C++, de l’université de Carnegie Mellon, est plus rapide que la version originale, et la reconnaissance vocale affiche un taux de succès supérieur.Dans le domaine de la sécurité, nous cherchons des méthodes de chiffrement supérieures à celles de RSA et utilisant moins de bits. Des travaux sur la cryptographie par courbe elliptique sont en cours, et nous avons publié en open source une version de SSL basée sur ce type de chiffrement.L’un de nos programmes, que nous menons pour la DARPA [Defense Advanced Research Projects Agency, l’organisme de recherche de l’armée américaine, NDLR], rassemble plusieurs secteurs de recherche. Ce projet explore les systèmes informatiques à haute productivité, avec, par exemple, la gestion avancée de virgule flottante grâce à de la logique asynchrone, qui tend à être deux fois plus rapide que celle à base d’horloge, ou encore l’adaptation de Java à l’informatique technique, le but étant de le rendre aussi efficace que le Fortran.On entend beaucoup parler du facteur de limitation thermique. Quelle est votre approche dans ce domaine ?C’est effectivement un problème auquel tout le monde se heurte, car la montée en puissance des composants signifie davantage de chaleur à dissiper. C’est bien d’arriver à dissiper la chaleur, mais encore mieux d’en générer moins à la base, ce qui est d’ailleurs l’un des avantages des technologies asynchrones [NDLR : le dernier processeur 64 bits SPARC III, cadencé à 1,2 GHz, dissipe une chaleur de 60 watts environ, contre le double pour l’Itanium II d’Intel].A quelle échéance travaillent les laboratoires ? Nos travaux visent un horizon de 3 à 6 ans, et quelques projets n’en sont qu’à leurs débuts. Les technologies asynchrones sont un cas particulier, car elles ont à la fois des applications immédiates et lointaines.Nous avons commencé à en tirer profit, puisque nous en utilisons au niveau de l’interface mémoire entre la CPU et la DRAM [NDLR : dans le processeur UltraSPARC IIIi], ce qui permet de gagner en rapidité et en tolérance de distance sur la puce. Plus tard, nous voudrions appliquer la logique asynchrone à lunité matérielle de virgule flottante, et même au niveau de certains circuits de contrôle.
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