Depuis la plus haute antiquité, le prix des jeux vidéo est une question épineuse qui suscite systématiquement un discours bien rodé des éditeurs. Pour autant, le propos ne satisfait pas forcément. Entre la nécessité de lutter contre le piratage ou le coût de développement croissant, la liste des arguments est connue. Pour autant, Georges Fornay, président du Sell, le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisir, nous a tenu un langage légèrement différent lors d’une interview récente.
Ainsi, lorsque, un brin ingénu, nous lui avons demandé quand nous pourrions espérer une baisse des prix des jeux, Georges Fornay nous a répondu : « Ça baisse, les prix moyens baissent. Et de continuer, un peu fataliste : mais des jeux à 50 millions d’euros comment voulez-vous les rentabiliser ? Et puis, quand vous avez huit jeux sur dix qui ne marchent pas, comment voulez-vous faire pour les financer ? Ce n’est pas un business sans risque. »
Un business risqué donc. Un business dont les joueurs payent les pots cassés en tout cas. Car le même Georges Fornay nous déclarait quelques minutes plus tôt, en vantant notamment le renouveau apporté par les nouveaux systèmes de jeu, comme Kinect ou le PlayStation Move [Georges Fornay est également vice-président Europe de Sony, NDLR]. « C’est à nous de créer le contenu. On est là pour créer une offre qui doit séduire une demande, si on ne vend pas, ce n’est pas le consommateur, on ne lui a pas donné ce qu’il fallait, on ne lui a pas donné le jeu qui lui donne envie de jouer ».
Autrement dit, si huit jeux sur dix ne se vendent pas, c’est que huit jeux sur dix ne répondent pas aux attentes des joueurs. Au-delà de la difficulté du marché, « très sélectif », comme l’indique le président du S.E.L.L., on se demande alors si le souci ne vient pas de la lassitude des joueurs de voir se succéder les suites ?
Georges Fornay fait alors un relatif constat d’impuissance : « C’est ce qu’on se dit, mais ce sont les grosses suites qui marchent. Ce n’est pas ce qu’on constate, ce sont les suites qui se vendent. » Est-ce que cela vient alors du fait que les différents éditeurs proposent des titres trop semblables ? On touche ici, semble-t-il, un début de réponse, comme le reconnaît indirectement Georges Fornay : « les gens achètent un jeu de course, ils n’en achètent pas deux ou trois, même chose pour les jeux de foot. Vous avez les blockbusters et le reste ça ne suit pas ».
Un constat d’échec, en quelque sorte, puisqu’à en croire le marché et le président du S.E.L.L. la solution est dans la conquête de nouveaux joueurs, notamment avec les descendants de la Wiimote, et qu’aucune autre solution ne semble devoir être trouvée côté éditeur pour augmenter le nombre de jeux sortis et qui rencontrent le succès.
Dès lors, on ne peut qu’imaginer que la situation actuelle perdure. De fait, les prix des jeux ne sont pas près de baisser.
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