Big N a provoqué le Big One, le tremblement de terre qui remet tout en cause et peut potentiellement tout détruire ou tout réinventer. Mardi, Nintendo annonçait un partenariat avec le japonais DeNA pour se lancer à l’assaut de nos smartphones. Mario, Link, Donkey Kong et les autres débarqueront sur nos téléphones, tablettes et même PC, sans bien sûr oublier les périphériques historiques de la firme de Kyoto : les consoles portables et de salon.
Une ouverture qui pose des questions
Un changement et une ouverture stratégique qui dopent le cours de l’action Nintendo et montrent que le géant nippon a pris la mesure des enjeux et des bouleversements du marché des jeux vidéo. Satoru Iwata, PDG de Nintendo, l’a répété de diverses manières lors de la conférence qu’il a tenu mardi dernier : la majorité des clients potentiels de Nintendo sont désormais sur smartphones et tablettes.
Pour autant, son partenaire, DeNA, géant japonais du mobile, roi du free to play et de la déclinaison de licences, n’a pas forcément très bonne presse dans le petit monde des jeux vidéo – même si le succès est au rendez-vous pour l’instant.
Quel sera le rôle de DeNA dans le partenariat avec Nintendo ? Qui développera les jeux avec les personnages Nintendo ? Quels genres de jeux et quels modèles économiques seront retenus ? Les questions sont nombreuses. Et le fait que la communauté de joueurs à travers le monde commence à imaginer des jeux où il faudra payer pour faire sauter Mario un peu plus haut, montre bien qu’une certaine inquiétude entoure le rapprochement entre Nintendo et DeNA.
Comme pour répondre à ses questions et cette inquiétude, Satoru Iwata a donné une interview exclusive à Time dans lequel il revient sur ces points.
Portage ou nouveaux jeux ?
Le patron de Nintendo revient sur un des éléments qui a retenu jusque-là sa société de passer aux smartphones plus tôt : la perte de valeur des contenus. Big N semble avoir trouvé une solution : « Nous n’allons pas simplement porter les jeux développés pour nos consoles vers les smartphones tel quel », explique-t-il. « Nous allons développer de tout nouveaux logiciels qui s’adaptent parfaitement au style de jeu et aux mécanismes de contrôle de ces appareils », continue-t-il.
La contrainte que se fixent les équipes de Satoru Iwata est de ne pas porter tort aux licences qui ont fait le succès de l’univers Nintendo. Une exigence qui cache un espoir, ces nouveaux titres « deviendront une occasion pour un grand nombre de personnes à travers le monde, qui possèdent des smartphones – mais n’ont aucun intérêt pour les consoles de jeux vidéo – de s’intéresser aux licences de Nintendo ».
Pour s’en assurer, Big N devrait développer la plupart des jeux pour smartphones. DeNA devrait apporter son savoir-faire pour la partie service et évolution du titre au fil du temps, afin de maintenir l’intérêt des joueurs. Satoru Iwata précise également que Shigeru Miyamoto a pour l’instant pour mission principale de développer des jeux sur Wii U. La vieille garde pour les vieux médias ?
Le règne du free to play et la quête de notoriété
En ce qui concerne le modèle économique qui sera retenu, le patron de Nintendo laisse la porte ouverte. S’il reconnaît que le modèle du « gratuit pour commencer » semble dominer pour l’instant, il insiste également sur le fait que les choses évoluent. Aussi, annonce-t-il, que Nintendo discutera de ce choix pour chaque titre avec DeNA : free-to-play, payant ou pourquoi pas une solution inventée par Nintendo…Mais dans tous les cas, le Free to Play poussé à l’extrême, comme dans un Clash of Clans, par exemple, ne semble pas devoir être à l’ordre du jour. « Nintendo n’entend pas choisir de méthodes de paiement qui pourraient nuire à [son] image ou à [ses] licences », confirme-t-il. Car, Nintendo veut demeurer une marque dans laquelle les parents ont suffisamment confiance pour laisser leurs enfants baigner dans cet univers.
D’autant que « il est encore plus important pour nous de trouver un moyen d’attirer le plus grand nombre de personnes à travers le monde sur nos applications sur smartphones que de trouver un système de paiement qui gagne plus d’argent », lâche Satoru Iwata au Time.
Autrement dit la popularité des marques prévaut. Comme si Nintendo envisageait un modèle économique différent où les jeux ne sont qu’une des sources de revenus. Un modèle où les produits dérivés ou les Amiibo sont également un moyen de toucher le public – comme Rovio et ses Angry Birds ? D’ailleurs, Nintendo autorise depuis peu l’utilisation libre et gratuite de ces personnages à des fins non commerciales… Un moyen de faire connaître l’univers développé depuis la première NES pour mieux agrandir sa base d’utilisateurs potentiels…
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Source :
Time
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