Lors du Salon du livre qui s’est tenu porte de Versailles à Paris du 17 au 22 mars, Google a entamé une opération de séduction auprès des visiteurs et des éditeurs français. Jens Redmer, le directeur du service Google Livres
en Europe, doit rassurer les maisons d’édition et les auteurs, souvent hostiles au programme et aux méthodes de l’américain.
Ils lui reprochent, notamment, d’avoir numérisé des livres protégés par le copyright sans autorisation pour son projet de bibliothèque numérique.01net. : A la fois moteur de recherche et bibliothèque numérique, l’activité de Google Livres peut paraître confuse. Pouvez-vous lever l’ambiguïté ?
Jens Redmer : Google Livres est un programme à destination d’éditeurs partenaires. Plus de 10 000 d’entre eux y référencent leurs publications dans le but de les vendre directement sur leur site marchand ou bien chez
des revendeurs comme Amazon ou Fnac.com en France. Notre programme est couplé avec Google Local. En indiquant leur code postal, les internautes peuvent connaître les librairies situées près de chez eux qui vendent le livre recherché.
En ce qui concerne notre projet de bibliothèque numérique [qui est
accessible,
NDLR], nous ne travaillons pas avec les éditeurs mais directement avec cinq bibliothèques universitaires dont quatre sont américaines et une européenne
[Harvard, Stanford, Michigan, New York et Oxford, NDLR]. Notre objectif est de créer la bibliothèque du XXIe siècle accessible à tous. Dans cette optique, nous numérisons des livres qui sont tombés dans
le domaine public. Ou bien des ouvrages protégés par des copyrights, mais qui ne sont plus disponibles dans le commerce. Dans ce cas, l’internaute n’a pas accès à l’?”uvre entière. Uniquement à son titre et à un extrait de quelques pages.C’est ce dernier volet qui rencontre le plus de critiques. Google est poursuivi en justice par des syndicats d’éditeurs comme The Author Guild, pourquoi ?
Certains éditeurs nous ont poursuivis en justice car, à leurs yeux, nous avons enfreint les règles sur le copyright international. La controverse est née du fait que pour pouvoir présenter un extrait de l’?”uvre selon les critères de
recherche de l’internaute, il nous faut numériser le livre entier.
Certes, nous n’avons pas signé de contrats avec les auteurs, cela est matériellement impossible. Mais, j’insiste sur le fait que nous ne publions pas le livre sur Internet. Nous en montrons un extrait. La plus grande crainte d’un auteur
ne doit pas être la piraterie, mais de ne pas vendre de livres. Notre service leur assure une couverture et une exposition vers plusieurs millions de lecteurs potentiels.Etes-vous concurrents de la future bibliothèque numérique européenne ?
Nous ne sommes pas concurrents. Nous sommes ouverts à toutes discussions avec les initiatives de bibliothèques numériques y compris la future bibliothèque européenne.Concernant votre programme de partenariat, quel accueil lui ont réservé les éditeurs français ?
Nous venons juste de lancer le programme en France. Nous sommes en période d’évangélisation. Convaincre prend du temps. Certains se montrent très traditionnels pour ne pas dire conservateurs et sont extrêmement méfiants vis-à-vis des
nouvelles technologies. Ils doivent se réveiller et réaliser que la numérisation, qui n’a été inventée ni par Amazon ni par Google, est un progrès contre lequel on ne peut aller. D’autres éditeurs sont beaucoup plus ouverts. En France, nous avons
d’ailleurs signé avec les Editions de l’Eclat.Combien d’éditeurs européens ont intégré le programme Google Livres ?
Nous ne communiquons pas sur ce chiffre. Aux Etats-Unis, le programme partenaire est plus mature qu’en Europe. Il a débuté voici deux ans. Tous les principaux éditeurs américains y participent.Quels genres de livres numérisez-vous ?
Nous incluons tous les éditeurs et tous les genre littéraires, du policier aux presses universitaires, en passant par la fiction ou le guide touristique, voire les dictionnaires.Quelles sont les différences entre votre programme partenaire et celui développé par Amazon ?
Sur un plan pratique, les deux services se ressemblent assez. Ils présentent des extraits de livres et des liens sur lesquels cliquer pour acheter le livre. En revanche, les motivations des internautes sont différentes. Ils se rendent sur
Amazon pour acheter, alors qu’ils viennent s’informer sur Google.
Je vais vous raconter une anecdote que je tiens d’un internaute canadien. Celui-ci voulait préparer un voyage dans le sud de la France pour son anniversaire de mariage. Après des recherches, il trouve une offre touristique qui
l’intéresse au c?”ur d’une petite ville hexagonale. Il tape son nom dans Google Livres. Contre toute attente, un roman remonte dans la page de résultats : une partie de son action se déroule dans cette commune. Si cet internaute avait fait
une recherche sur cette ville directement chez un marchand, il n’aurait jamais eu connaissance de ce livre. Parce que le nom de la localité n’apparaissait pas dans le sommaire, mais uniquement dans le c?”ur du texte.Croyez-vous que la fin du livre papier soit arrivée ?
Vous pensez vraiment que l’on peut lire un roman sur un écran d’ordinateur ? Le livre papier ne mourra jamais. Il ne sera jamais cannibalisé par Internet, qui est seulement un canal supplémentaire pour obtenir de linformation.
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