Pour écrire votre livre, vous avez fait le tour de différentes Silicon Valley dans le monde. Qu’est ce qui vous a le plus frappé ?Ce qui me fascine totalement, c’est de voir la toile mondiale qui se dessine avec une véritable redistribution des rapports de force. Les Silicon Valley émergentes n’ont pas pour objectif de répliquer le modèle américain, mais plutôt de se relier à l’économie mondiale en misant sur leurs compétences nationales. Nous voyons ainsi se construire un système global avec des forces individuelles où les visions coloniales n’ont plus lieu d’être, même pour les pays en voie de développement. Les rapports entre les régions sont devenus plus égalitaires.Quelle est, selon vous, la part du spontané ou de la politique de développement dans la réussite d’une zone high-tech ?Le développement d’une zone est très lié à l’énergie que l’on y met. Pour qu’elle devienne compétitive, il faut un véritable programme associant gouvernement, syndicats, industries… Tout le monde doit s’impliquer. Les pays où les agences gouvernementales ont fait un effort marketing important, ont attiré davantage d’entreprises internationales que les autres, composante essentielle au décollage d’une vallée technologique. On peut notamment citer l’exemple de l’Irlande.Quels sont les succès ou les échecs qui vous ont le plus marqué ?Je suis très impressionné par la réussite de l’Irlande, qui est passée en quelques années de l’état de quasi-colonie, totalement dépendante du Royaume-Uni, à une région dont l’activité économique est en plein essor. La plupart des investissements américains en Europe sont réalisés en Irlande. Taïwan est également un véritable modèle. Voilà un pays qui n’est pas resté seulement un site de production mais qui a su devenir un centre de compétence incontournable. Quant aux échecs, il y en a aussi de retentissants. Il est incroyable de voir tout l’argent parti en fumée au Moyen-Orient, par exemple. L’Argentine et le Chili auraient aussi beaucoup datouts pour réussir, mais les gouvernements locaux ne suivent pas ou ne lancent pas le mouvement. Bureaucratie lourde et corruption ne font pas bon ménage avec un développement harmonieux de la nouvelle économie.(*) À paraître en juillet 2002, ” Making Regional Wealth in the Innovation Economy “, chez Prentice Hall-Financial Times.
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