L’Intérieur est le seul ministère à disposer d’un DSI unique. Pourquoi cette singularité ?En effet, dans les autres ministères, chaque direction est le plus souvent dotée de son propre service informatique. Seul l’Intérieur dispose d’une Direction des systèmes d’information et de communication (DSIC), prestataire de
services pour l’ensemble du ministère. Elle a été créée dès 1982 sous le nom de Direction des transmissions et de l’informatique, avec déjà pour objectif ?” prémonitoire?” de marier les techniques de transmission utilisées de
longue date ?” par la police notamment ?” et les grandes applications informatiques.Comment se répartissent vos investissements en matière de systèmes d’information ?Le budget annuel de la DSIC, en dehors des charges de personnel, approche les 250 millions d’euros. Un tiers de cette somme est consacré au déploiement du programme Acropol. Le reste est principalement dévolu à l’acquisition et
à la maintenance des plates-formes d’exploitation et des réseaux, aux licences et au développement de logiciels, ainsi qu’à des prestations externes. Il s’agit de faire face le plus économiquement possible à une formidable montée de la
demande : par exemple, le ministère disposait en décembre dernier de soixante mille boîtes aux lettres électroniques, soit 40 % de plus que l’année précédente.En quoi consiste le programme Acropol ?Il s’agit du nouveau système radio de la police nationale. Ses premiers déploiements ont débuté en 1995 et devraient s’achever en 2006. Son coût total s’élève à 900 millions d’euros environ. Le but est de remplacer au fur et à
mesure l’ancien système analogique par du numérique. A la fin de l’année, près de 70 % des policiers devraient en disposer. Nous avançons progressivement, en commençant par les agglomérations les plus importantes, mais en nous adaptant aussi au
calendrier des grands événements, pour lesquels Acropol offre un avantage incomparable. Par exemple, l’équipement de la Haute-Savoie a été anticipé à l’occasion du G8, qui s’est tenu à Evian en juin.Quelles sont les utilisations d’Acropol ?Contrairement au système de communication précédent, il est totalement crypté et peut transporter de la voix, mais aussi des données. On peut l’utiliser aussi bien en mode conférence entre un groupe de policiers et leur état-major,
qu’en mode direct au sein d’une équipe sur le terrain. Ou encore en communication individuelle entre deux terminaux, comme un GSM. Rien qu’à Paris et dans la petite couronne, douze mille terminaux sont en service. Désormais, dans ces quatre
départements, la couverture frôle les 100 %. Et EADS Télécom, le constructeur du système, a réussi à supprimer les coupures constatées lorsque l’utilisateur changeait de relais en se déplaçant.Quels sont les autres chantiers technologiques du ministère ?Ils sont nombreux et découlent des objectifs fixés par le ministre : assurer la sécurité de nos concitoyens, simplifier leur vie quotidienne, améliorer l’efficacité de l’Administration. Par exemple, nous allons généraliser cet
été, dans les aéroports d’Orly et de Roissy, une expérimentation lancée à Lyon : les postes de la police de l’air et des frontières (PAF) seront équipés de scanners, qui liront directement la carte d’identité ou le passeport des passagers et
interrogeront le fichier des personnes recherchées. La saisie manuelle étant supprimée, les files d’attente seront sensiblement réduites. Autre exemple : depuis janvier dernier, nous avons mis en ligne les certificats de non-gage, nécessaires
lors de la vente d’un véhicule. Six millions de ces certificats sont émis chaque année en France. Aujourd’hui, 30 % d’entre eux, soit cent cinquante mille par mois, sont déjà délivrés via internet. Ce qui évite autant de déplacements aux
demandeurs. Enfin, nous travaillons d’ores et déjà à la nouvelle génération de passeports, qui intégreront à partir de 2005 des données biométriques numérisées. Et nous préparons la future carte d’identité, qui, dotée d’une puce, permettra à chaque
Français de prouver son identité de manière électronique. Ce qui ouvre la voie à la généralisation de nombreux téléservices, publics ou privés.Trouvez-vous tous les logiciels dont vous avez besoin sur le marché ?Pas toujours. C’est pourquoi, au sein de la DSIC, la sous-direction études et logiciels développe elle-même un certain nombre d’applications, ou bien passe des marchés de réalisation avec des sociétés de services. Elle a aussi
vocation à mutualiser les initiatives locales. Si une idée est bonne, autant en faire profiter tout le monde. Comme, par exemple, lorsque notre service de Metz a élaboré un logiciel de gestion des événements et des moyens à disposition des préfets
en temps de crise : aujourd’hui, soixante-quinze départements l’ont déjà adopté. Sa généralisation est prévue avant la fin de l’année.
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