Decision Micro & Réseaux : Quel est l’impact du choix par la Direction générale des Impôts (DGI) d’une solution reposant entièrement sur Linux ?Il est très important. Le ministère des Finances est considéré comme un ministère dont les choix informatiques ne se font pas à la légère. Surtout si l’on considère qu’il s’agit de l’argent des Français et des outils pour le collecter et le gérer. Ici, le choix ne s’est pas fait sur le logiciel libre ou propriétaire, mais sur l’architecture. Les informaticiens de la DGI prônent les standards ouverts et se réfèrent aux RFC, aux standards du W3C, tel XML, tant pour des raisons d’architecture que de sécurité. Au final, ce choix est significatif, il y a une prise de conscience des professionnels et des grands acheteurs.On peut aussi supposer que le ministère des Finances prend en compte les questions de coût ?En effet, le système du ministère utilise une informatique distribuée autour d’une base Oracle sur un serveur AIX RS/6000. Réutiliser l’existant impliquait une remise à jour de la base, d’AIX et de tout le matériel, le tout pour une somme importante. Il a donc préféré utiliser des serveurs d’applications dédiés, et, comme Linbox le lui recommandait, spécialiser les machines de manière à pouvoir les remplacer facilement si elles tombent en panne. Dans chaque hôtel des Impôts, il y a désormais un ou plusieurs serveurs Intel qui servent de relais entre les requêtes de l’utilisateur, à travers un navigateur, et les gros systèmes avec la base de données.Cette architecture est-elle applicable partout ?Oui, en règle générale à tous les environnements où il n’y a pas d’expert sur site, par exemple à l’Éducation nationale. Les professeurs ne sont pas des administrateurs système, ils ont juste besoin d’un outil pédagogique. Souvent, sur le terrain, on s’aperçoit que de nombreuses machines sont inutilisables parce que le système d’exploitation doit être réinstallé suite à une mauvaise man?”uvre. Notre solution pallie ce problème, en ce sens qu’elle masque la complexité à l’utilisateur final. Il suffit d’installer un serveur central, et de déployer des clients légers par Ethernet, et tout fonctionne. En fait, on retrouve une architecture de type mainframe, centralisée, avec tous ses avantages (solidité, contrôle accru, etc. ). C’est un peu le choix de l’architecture Linbox Network. Elle prend en compte l’efficacité de TCP/IP, couche sur laquelle nous rajoutons des protocoles comme SMB ou NFS. Comme un Lego, on assemble des briques standards. Si l’on veut parvenir à l’ubiquité de l’information prônée ici et là dans le monde numérique, il faut que l’informatique soit aussi simple à utiliser que l’électroménager. Typiquement, on ne devrait pas avoir besoin de passer par démarrer pour éteindre un poste.La philosophie de l’Open Source est-elle compatible avec cette vision de l’informatique ?Oui, dans la mesure où les infrastructures de l’entreprise seront de plus en plus interconnectées. En tant qu’entrepreneur, j’ai besoin de savoir ce qu’il y a dans la plate-forme qui transportera mon code pour appliquer des règles de gestion sur les données. Si je n’ai pas accès à ces informations, j’aurai quelques réticences à confier mes données. Par ailleurs, le meilleur moyen de résoudre l’hétérogénéité est de travailler sur des standards ouverts, dont le meilleur exemple est Internet. N’oublions pas que la pile TCP/IP est issue du logiciel libre. En informatique, si le matériel est réalisé de manière industrielle, le logiciel obéit encore à des règles artisanales. Si l’on veut construire ensemble, comme avec des Lego, il faut utiliser des briques similaires. Le logiciel libre pose des bases communes, sans qu’il y ait de conflit, puisque chacun sait ce qu’il contient. J’irai même plus loin, les technologies propriétaires sont un frein à l’économie. IBM l’a compris, Linux n’est pas une fin en soi, mais un moyen de changer les choses.
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