Que savent les grands patrons des nouvelles technologies ?Pas assez ! Peu d’entre eux ont la formation, la sensibilité, ou le temps pour avoir sur le sujet une expertise personnelle. Je pense même qu’il s’agit d’un des domaines sur lequel ils sont le moins bien renseignés, et dont ils ont la plus faible expérience pratique. Ils n’ont pas de perception physique du traitement de l’information, leurs collaborateurs, leur secrétaire faisant généralement écran. Et lorsqu’on leur parle informatique, leur attention baisse subitement de 80 % ! Or, faute de connaissances suffisantes, les dirigeants sont plus particulièrement sensibles aux discours marketing des vendeurs de solutions, qui cherchent à court-circuiter les directions informatiques, simplifient le discours sur les technologies, et réussissent au final à présenter une image enjolivée de leurs logiciels.Quel rôle peuvent jouer les directeurs des systèmes d’informations (DSI) pour sensibiliser les patrons à ces questions stratégiques?Ils peuvent et doivent jouer un rôle pédagogique essentiel, qu’ils n’ont pas toujours bien su embrasser jusqu’alors. Les DSI doivent apprendre à parler business plutôt que technologie, ils doivent rendre les nouvelles technologies plus “glamour”, plus accessibles, et les replacer dans le contexte global du système d’information et du patrimoine applicatif de l’entreprise. Je viens de publier un livre(*) en ce sens qui vise à faire comprendre le contexte historique et culturel de l’industrie informatique et à aider les chefs d’entreprise à tirer l’essentiel des technologies pour changer les comportements et les processus au travail.Au final, pensez-vous que les patrons français s’intéressent davantage aux nouvelles technologies qu’il y a dix ans ?Je constate que les patrons intègrent de mieux en mieux les nouvelles technologies dans leur réflexion stratégique et qu’ils sont résolus à considérer que c’est un important levier de transformation de leur entreprise. Néanmoins, l’informatique reste pour beaucoup d’entre eux un coût, dont le retour sur investissement est aléatoire. L’échec des ERP [Enterprise Resource Planning ou progiciels de gestion, ndlr], les forts investissements réclamés par le bug réel ou supposé de l’an 2000, et les avaries de l’e-business ont rendu nombre d’entre eux sceptiques vis-à-vis de la communauté informatique. Le Cigref travaille à imaginer un plan de formation à destination des DSI, pour qu’ils communiquent plus et mieux avec leurs patrons, et dinformation à destination des patrons, pour les aider à comprendre le monde informatique.(*) “La Société de la connaissance, nouvel enjeu pour les organisations ” (éditions Hermès Lavoisier)
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